La SGMB compte opter pour la fermeture de ses agences bancaires à 17h45 au lieu de 16h30. Cette décision, encore à l'essai, n'est pas du goût du personnel. Une grogne sociale sévit actuellement dans les couloirs des agences. Accouchement difficile pour le projet d'élargissement des plages horaires à la Société générale marocaine de banques (SGMB). La banque compte opter pour la fermeture de ses agences bancaires à 17h45 au lieu de 16h30 (16h45 le vendredi). Les sites pilotes, initiés notamment par l'agence d'Abdelmoumen, font face à une exaspération du personnel qui estime avoir fait de nombreux sacrifices, sans qu'il soit récompensé en retour. C'est dire que les employés vivent cette affaire comme une injustice. Selon des agents SGMB, qui ont témoigné sous couvert de l'anonymat, le projet, actuellement en phase d'essai, alourdit les tâches du personnel. Sans que ceci soit accompagné d'une quelconque valorisation salariale. En effet, concernant les primes, aucun intéressement n'est à l'ordre du jour. En fait, le ras-le-bol a été provoqué surtout par le manque de concertation. «La décision de la discorde a été imposée de manière unilatérale», se plaint un caissier. «Imaginez les fermetures tardives des agences et le travail d'arrière-guichet que cela génère. À terme, aucun agent ne peut prétendre rentrer chez lui à temps pour s'occuper de sa famille», affirme, non sans énervement, l'un d'eux. Mais ce qui semble scandaliser le personnel, selon des employés SGMB, c'est que si la filiale marocaine vient, en fait, de s'aligner sur les standards groupe, il n'est pas de même pour les droits annexes. En France notamment, cette politique a même été érigée au rang d'argumentaire commercial. « Mais au pays des droits de l'Homme, les droits des employés ne sont pas bafoués. Les syndicats veillent avant tout sur les intérêts des employés », murmure-t-on dans les couloirs. Contacté par ALM, pour recueillir son avis, Farouk Chahir, secrétaire général de l'Union syndicale interbancaire (USIB), affilié à l'UMT, était en réunion. Intérêt commercial oblige, cette mesure reste une disposition interne à la banque. Le groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) avait opté auparavant pour un horaire commun à l'ensemble des agences pour éviter la concurrence loyale. En fait, la nouvelle loi bancaire, entrée en vigueur en 1993, autorise chaque banque à instaurer l'horaire qui lui convient. Après un précédent en la matière, les autres banques passent à l'offensive, pour le plus grand bien du client, mais assurément pas celui des employés de la banque! Toutefois, de source interne à la SGMB, la grogne sociale qui monte actuellement en interne couve un malaise plus important. Depuis l'ère de l'ex-homme fort de la banque, Laurent Groutard, à l'origine d'une forte implication de la maison-mère Société générale, le personnel n'a toujours pas été récompensé à sa juste valeur. La décision du président actuel du directoire de la SGMB, Jérôme Guiraud, n'arrange assurément pas les choses. La démotivation est bien réelle. Et pourtant, la santé financière de l'institution est plutôt bonne. L'année 2003 était un bon cru . La banque du boulevard Abdelmoumen a réalisé un résultat net de 364,3 millions de DH, en hausse de 8,2% par rapport à l'année précédente. C'est ce qui ressort dans le rapport annuel de la Banque. Quand au bilan, il a totalisé 26,845 milliards de DH, soit une augmentation de 8,6% par rapport à l'exercice précédent. Pour sa part, le produit net bancaire a atteint 1,677 milliard de DH, s'inscrivant en progression de 8,1%. Côté développement, la banque a retenu une logique de développement local. Depuis six ans, l'institution a opté pour la croissance interne avec le développement de filiales et l'ouverture de 20 à 30 agences annuellement. Ce processus a accaparé quelque 2,5 milliards de DH. « Il est temps, au regard des montants investis, d'investir davantage dans les hommes. Il n'y a, assurément, pas de croissance sans hommes. Les fruits de cette croissance gagnent à être mieux répartis», conclut un directeur d'agence. Qu'en pense M. Guiraud, un homme supposé féru de communication, qui est resté injoignable ?