Malgré l'entame des négociations, il y a trois semaines, entre les rebelles et le gouvernement, la Côte d'Ivoire reste enlisée dans une crise qui a coupé le pays en deux et révélé bon nombre de ses maux. «La Côte d'Ivoire est au pied du mur, avec des ennemis dos à dos» a déclaré dimanche un membre de la délégation gouvernementale ivoirienne depuis Lomé, où les pourparlers avec les rebelles ont été suspendus le 9 novembre. Les deux parties ont pourtant assuré qu'il n'était pas question de rupture, encore moins d'abandon, des discussions de paix. Mais, après trois semaines de dialogue interrompu à plusieurs reprises, les faits sont là. Le pays est divisé entre un nord contrôlé par les mutins rassemblés au sein du Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI), et un sud plutôt fidèle au pouvoir de Laurent Gbagbo. Cette frontière de facto, surveillée par les troupes françaises depuis le cessez-le-feu du 17 octobre, a paralysé l'économie ivoirienne au moment de la récolte du cacao, sa première ressource. La crise a aussi provoqué la fuite de nombreux ressortissants étrangers, notamment du Burkina Faso, pays accusé d'avoir fomenté le soulèvement du 19 septembre. Aux violences ethniques et xénophobes, se sont ajoutées des divisions religieuses, entre un nord majoritairement musulman, et un sud animiste et chrétien. :Dans la capitale togolaise, qui abrite les pourparlers sous l'égide de la CEDEAO, les avancées n'ont guère été plus importantes. Deux principaux points sont à l'origine de l'impasse diplomatique : le dépôt des armes par les rebelles, réclamé par le président, et le départ de Laurent Gbagbo (dont le mandat n'expire qu'en 2005) avant la tenue d'élections, exigé par les mutins. Les médiateurs ouest-africains sont malgré parvenus à convaincre les deux camps de revenir autour de la table des négociations cette semaine. Au président togolais Eyadéma, se sont joints samedi Christian Dutheil de la Rochère, ex-ambassadeur de France en Côte d'ivoire (1993-1998) et un émissaire du président sénégalais, déterminé à «relancer» à résoudre la crise. Une crise qui, si elle perdure, devrait voir très prochainement l'arrivée de la force ouest-africaine ECOMOG (1.260 soldats), dont 19 d'officiers sont déjà sur place depuis dimanche. A moins que les pourparlers n'aboutissent enfin...