Il fallait que les généraux espagnols nous le disent pour que l'on se rende compte de notre force de frappe, notre puissance militaire qu'on ignore et de la menace que nous représentons pour nos pauvres voisins du Nord. Décidément, les Espagnols nous trouvent beaucoup de qualités et nous propulsent, ainsi, parmi les puissants de ce monde… Il fallait que les généraux espagnols nous le disent pour que l'on se rende compte de notre force de frappe, notre puissance militaire qu'on ignore et de la menace que nous représentons pour nos pauvres voisins du Nord. Décidément, les Espagnols nous trouvent beaucoup de qualités et nous propulsent, ainsi, parmi les puissants de ce monde… Au fait, on ne le sait que fort bien, les résidus du régime franquiste mènent plus que jamais le bal. Avec un chef de gouvernement, José Maria Aznar, plus franquiste que Franco lui-même, les généraux en mal de guerre et de gloire montent des scénarios qui confinent plus à la science-fiction et les troubles psychanalytiques qu'à la rigueur géostratégique. Y compris quand il s'agit de se méfier d'un voisin qu'on ne porte pas trop dans son cœur, il y a manière et manière… Le comble de l'hystérie espagnole, après l'épisode de l'îlot Leila, est intervenu à la suite de la nomination de Driss Jettou à la Primature. Là, après des félicitations chaleureuses, les injonctions inacceptables ont commencé, les mises en garde affluent et les critiques de certains ministres sortants battaient leur plein. Sans retenue ni aucune règle de bienséance et de procédés diplomatiques les plus élémentaires banals. La reconduction de Mohamed Benaissa dans son poste de ministre des Affaires étrangères les a rendus furieux. Et sans retenue aucune, les officiels, leurs plumitifs et leurs prête-noms se sont mobilisés pour descendre en flammes le ministre en question. C'est un procès d'intention en règle, une agression caractérisée, une manière plus que cavalière de traiter un ministre d'un État souverain et voisin. C'est purement et simplement de l'ingérence plus que maladroite et incongrue. Mais, au-delà de ces débordements qui ne sont finalement que des conséquences dont les causes sont à chercher dans une attitude profondément condescendante et arrogante de l'Espagne envers son voisin du sud, soupçonné de velléités d'affranchissement envers toute tutelle et d'épanouissement. C'est ce Maroc qui dit non au diktat de l'étranger que l'Espagne des franquistes veut apprivoiser ou mater ; c'est selon. C'est de ce même Maroc qui avance malgré les difficultés et face à l'adversité, que l'Espagne ne veut pas. Madrid s'accommoderait davantage d'un voisin sous tutelle, prototype de ce sud honni auquel on prête tous les maux et qui doit s'accommoder de ce statut et en assumer les oripeaux. L'Espagne, régulièrement travaillée par ses vieux démons fascisants, veut se présenter à ses partenaires européens comme le régent et le gendarme vis-à-vis de la rive sud de la Méditerranée, pour s'octroyer un rôle chèrement monnayé auprès de l'Union européenne, de l'Otan et de l'Occident en général. Dans cette démarche, Madrid raisonne comme un mercenaire. Elle fait fi de toute valeur d'ouverture, de bon voisinage et de dialogue qui sont les seuls garants de la stabilité et de la paix dans cette région aux équilibres très fragiles et aux intérêts hautement stratégiques pour l'ensemble de la planète. Ce n'est certainement pas avec des mouvements de bravade et d'étalage de la puissance militaire que la cause de la paix et du bon voisinage avanceront.