El Jadida. La mendicité est un fléau social. Elle se développe à une vitesse vertigineuse, notamment en cette période du ramadan. Le phénomène de la mendicité prend, de jour en jour, des proportions alarmantes. Puisqu'on n'a plus, aujourd'hui, affaire à ces mendiants discrets dont le souci les animant est de survivre. Ainsi, on constate, actuellement chaque jour, des familles tout entières qui envahissent dès les premières heures la ville. Brûlées par la misère, elles désertent le bled pour chercher de quoi subsister. Elles se pointent, très tôt, devant les banques, les administrations, les boulangeries et les mosquées. Là, elles dressent leurs camps durant toute la journée. D'autres plus futées, surtout des femmes avec leurs bambins, se pointent près de marchands et de bouchers. Et au moment où un client s'apprête à régler ses achats, une voix l'interpelle ou une main se tend à lui. Face à cet état, il se plie le plus souvent, des fois malgré lui, à cette sollicitude. Mais une fois qu'il accomplit cet acte charitable, il se trouve, immédiatement, pris d'assaut par d'autres comme s'ils l'attendaient au tournant. Un comportement qui lui fait regretter d'avoir accompli son acte. Enfin, d'autres dits « modernes» dans leurs procédures usent de moyens «civilisés». Ils prétendent être à court d'argent pour rentrer chez eux, pour se procurer des médicaments, ou prendre un car en vue de retourner à leur ville natale. Ces scènes, faisant partie de notre quotidien, demeurent tristes, désolantes et pitoyables à la fois. En effet, une personne, tendant la main à autrui et de quelque ruse qu'elle use, ne le fait que parce qu'elle est vraiment dans le besoin. Ces pauvres mendiants comptent sur les citoyens, leurs frères. Mais que peuvent faire, pour eux, ces derniers dont les bourses ne leur permettent pas de joindre les deux bouts du mois ? Les pouvoirs publics doivent assumer pleinement leurs responsabilités pour garantir à tous une vie décente et honorable. C'est la moindre des choses qu'ils peuvent garantir à des couches sociales vivant dans la misère totale. • A.H. Correspondance régionale