Quelque 120 permis de conduire ont été falsifiés par un repris de justice, âgé de 63 ans, père de huit enfants. Après son arrestation, il a révélé les noms d'une vingtaine de ses complices, dont huit ont été épinglés. Les éléments de la brigade urbaine de la police judiciaire de Casablanca-Anfa sont habitués à des affaires de falsification de passeports, de cartes d'identité nationale et autres documents administratifs. Mais ce n'est que rarement qu'ils ont eu affaire à des falsifications de permis de conduire. Mardi 23 novembre 2004. Perturbé, Abdelfettah s'est présenté à la police. “Mon permis de conduire a été falsifié“, affirme-t-il. Comment cela est-il arrivé ? Quelqu'un le lui a subtilisé pour le falsifier ? Abdelfettah a indiqué aux limiers qu'il disposait depuis plusieurs années d'un permis de conduire, catégorie A et B relatifs respectivement aux véhicules à deux roues, de 50 cm3 de cylindrée, ne dépassant pas les 125 cm3. Seulement, il a souhaité dernièrement avoir le permis de conduire des véhicules catégorie D et E relatifs respectivement aux voitures de tourisme disposant de huit sièges outre celui du chauffeur et des voitures de catégories A et B tirant une remorque de 750 kilos. Toutefois, il ne voulait pas passer l'examen pour l'obtention du permis de conduire de ces catégories. La solution ? L'un de ses proches, Abdellatif, lui a affirmé qu'il pouvait l'aider sans avoir à passer les examens et cela pour une somme de 5 mille dirhams. Abdelfettah lui a remis le dossier renfermant les documents nécessaires et une liasse de billets correspondant à la somme réclamée. Quelques jours plus tard, il est retourné chez lui en possession du permis de conduire. En l'ouvrant, Abdelfettah a remarqué que les cachets apposés sur les cases réservées aux catégories de véhicules par lesquels le permis est valable étaient des faux. Abdellatif l'a pris et a disparu pour quelques jours avant de retourner et lui remettre un permis de conduire provisoire portant les cachets seulement sur les cases des catégories A et B. Et les catégories D et E ? Et les 5 mille dirhams ? Abdelfettah a précisé aux policiers que Abdellatif ne lui avait rien remis. Arrêté, ce dernier a confirmé les déclarations d'Abdelfettah, en expliquant que ce n'était pas lui le responsable. Qui a falsifié les cachets? “J'ai remis les documents et les 5 mille balles à Mohamed“, déclare-t-il. Épinglé par les limiers de la brigade urbaine de la police judiciaire, Mohamed a avoué être le faussaire des permis de conduire. Il en a falsifié 120, déclare-t-il aux enquêteurs. Âgé de soixante-trois ans, ce père de huit enfants, demeurant à Derb Ghallef, à Casablanca, a purgé cinq peines d'emprisonnement. La première, de deux mois de prison ferme, pour outrage à un fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions remonte à 1978. La deuxième peine, de cinq ans de prison ferme, en 1986, pour escroquerie et falsification en écriture. La troisième fois remonte en 1989, quand il a été condamné à un an de prison ferme pour faux et usage de faux. La quatrième peine, est de deux ans de prison, qu'il avait purgée en 1994 pour escroquerie, faux et usage de faux. La cinquième et la dernière ne lui a coûté, en 1998, qu'une punition de dix mois de prison ferme pour les mêmes motifs. Relâché, ce faussaire professionnel a repris son activité frauduleuse. Seulement, il a pensé cette fois aux permis de conduire. De bouche à oreille, plusieurs personnes ont appris qu'un certain Mohamed rendait services à ceux qui veulent ajouter à leur permis de conduire une catégorie de véhicules pour lequel son permis est valable. Et il est passé à l'action pour des sommes allant de trois à cinq mille dirhams. Mohamed a avoué aux enquêteurs avoir confectionné deux cachets; l'un rond, très petit et portant l'étoile apposée au drapeau marocain et l'autre, rectangulaire, portant le nom du chef du Centre d'immatriculation de Casablanca-Anfa. Le mis en cause a précisé aux enquêteurs qu'il disposait d'une équipe de rabatteurs qui lui cherchaient les victimes (qui sont également des complices puisqu'ils tentaient d'obtenir des permis de conduire sans passer d'examen). Les enquêteurs ont mis la main sur sept rabatteurs, alors que seize autres demeurent en état de fuite.