Un jugement clément. C'est le moins que l'on puisse dire, après que la Cour d'appel de Béni Mellal ait condamné à un an de prison sept jeunes voyous qui ont violé à tour de rôle une jeune fille de quatorze ans. Laquelle était également la maîtresse d'un f'kih, qui a lui-même écopé de six mois. Chambre criminelle près la Cour d'appel de Beni Mellal. L'assistance occupe les sièges de la salle d'audience depuis l'ouverture des portes le matin de ce jeudi 26 juin. Elle s'attend à l'examen d'un dossier exceptionnel et ce, pour deux raisons: D'une part, la victime est une mineure de quatorze ans et d'autre part, les auteurs du crime sont sept jeunes hommes et un f'kih, qui est impliqué pour une raison autre que le viol. «Un f'kih ?», s'exclame une femme qui ne dissimule pas à la fois son étonnement et son aversion. « Ils ont profité de son innocence pour la violer… », lui explique sa voisine. La première femme n'arrive pas à imaginer qu'un f'kih ait pu commettre ce crime sur une personne qui a l'âge de sa fille aînée. Les faits : A 9h00, les membres de la cour, suivis du représentant du procureur général du Roi et du greffier, entrent dans la salle d'audience. «Mahkama !», crie l'agent du tribunal. En signe de respect, l'assistance se lève et se rassoit. La cour demande au f'kih de «dire la vérité et rien que la vérité». Mais, il semble que le f'kih ait décidé de nier les charges retenues contre lui. Les sept autres jeunes voyous nient également avoir violé la fille à tour de rôle. Cependant, les déclarations de la victime vont trancher définitivement et sans recours. «C'est lui Mr. le président, c'est lui qui m'a fait cela avant les autres… », dit-elle, les yeux baissés. Le président se tourne vers le f'kih qui baisse la tête. Il habite près de chez elle, dans un douar de la localité de Kasbat Tadla et enseigne aux enfants les abc du Coran. Le jour où il a vu Samira pour la première fois, il l'a désirée. Au fil du temps, il a fini par lui exprimer ses sentiments au point qu'elle a commencé à rêver de lui, bien qu'il soit plus âgé qu'elle. Il lui donne de l'argent, lui achète des cadeaux… Du jour au lendemain, ils se sont retrouvés comme de vrais amants. Ils commencent à se rencontrer d'un jour à l'autre. Elle ignore comment, un jour, elle est arrivée dans son lit… au point qu'elle en a perdu son innocence. Leur relation s'est consolidée de jour en jour au point qu'ils ne pensent pas d'être dévoilée un jour. Il continue à la rencontrer. Dernièrement, le f'kih a pris sa petite amante à destination de Kasbat Tadla. Il avait l'intention de passer la journée en sa compagnie. Une fois en ville, il lui a demandé de l'attendre dans un petit parc. Et c'est là que l'irréparable est arrivé. Il est parti acheter des gâteaux. Seulement quand il est revenu, elle n'était plus là. Et il s'est lancé à sa recherche. Ce n'est que quelques heures plus tard qu'il l'a retrouvée, dans un état lamentable. Que lui est-il donc arrivé? Sept jeunes hommes, qui passaient près d'elle dans le parc, l'ont surprise, lui demandant de les accompagner. Elle a refusé. Mais elle a été conduite de force dans un endroit désert où ils l'ont violée à tour de rôle, avant de la libérer. Elle est retournée dans le parc pour retrouver le f'kih toujours à sa recherche. Après qu'elle lui eut narré sa mésaventure, il l'a ramenée chez elle. N'ayant pu supporter de la voir dans cet état, sa mère l'a conduite au commissariat de police pour déposer plainte. Une enquête policière a été ouverte et les sept voyous, ainsi que le f'kih ont été arrêtés. Jugés coupables, la cour a condamné les sept voyous à un an de prison ferme et le f'kih à six mois de prison ferme. Un jugement qui a surpris l'assistance par sa clémence.