Répondant à l'appel lancé par les ministres des AE des pays de l'UMA, le Colonel Mouammar Kadhafi a accepté de revenir sur sa décision du 8 décembre de renoncer à la présidence de l'UMA. C'est un communiqué de la présidence du Conseil des ministres maghrébins des affaires étrangères de l'Union du Maghreb Arabe (UMA), rendu public, samedi soir Tripoli qui a indiqué « la bonne nouvelle ». «Le dirigeant libyen a accepté de suspendre sa décision d'abandonner la présidence de l'organisation », selon ce communiqué. Ce changement est survenu suite à une réunion à huis clos des ministres des Affaires étrangères des pays de l'UMA. Ces derniers ont été reçus par le leader libyen et lui avaient fait part « de la volonté et de l'appel de ses frères, les membres du Conseil de la présidence de l'Union de poursuivre la présidence de l'UMA », indique le communiqué. Lors de cette rencontre, «le colonel Kadhafi a passé en revue les objectifs de l'Union et souligné la nécessité de respecter la charte de sa création et de la mise en œuvre notamment des conventions signées dans le cadre de cette charte ». Le dirigeant Libyen a également passé en revue la situation sur la scène internationale qui connaît de grandes mutations et mis l'accent sur la nécessité pour les membres de l'UMA de prendre conscience de leurs devoirs et responsabilités conformément la charte de la création de cette Union. Il a en outre insisté sur le renforcement de la cohésion et la défense des intérêts des peuples du Maghreb. Le communiqué rappelle que les ministres des Affaires étrangères des pays de l'UMA ont examiné lors de leur réunion, tenue samedi Tripoli, « la situation de l'Union à la lumière des développements que connaît la région et des résultats de la réunion du comité de suivi tenue Rabat ». C'est ainsi que le Guide de la révolution libyenne, a accepté de poursuivre sa présidence de l'UMA, conformément à « la volonté de ses frères dirigeants des pays de l'Union et ce, jusqu'à la tenue du prochain sommet des pays de l'UMA, dont la date sera fixée dans les plus brefs délais ». Il faut également rappeler que mercredi dernier, le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a eu un entretien téléphonique avec son homologue libyen portant sur l'UMA, selon la présidence de la République tunisienne à Carthage. MM. Ben Ali et Kadhafi ont « évoqué les derniers développements à l'échelle régionale et internationale et procédé à un échange de vues sur des questions intéressant la marche de l'Union du Maghreb Arabe ». A cet égard, « le président Ben Ali a souligné la nécessité de poursuivre les efforts afin de dynamiser les structures et les institutions de l'union, au service des aspirations des peuples de la région et de leurs causes ». La Libye, actuelle présidente de l'UMA, avait annoncé le 8 décembre sa décision d'abandonner cette présidence, à deux semaines seulement de la fin de son mandat, reprochant à certains membres de l'Union de «violer» sa charte. Il convient de rappeler que parmi les raisons ayant motivé sa décision d'abandon, la Libye a cité l'établissement par la Mauritanie de relations diplomatiques avec Israël, ainsi que la coopération militaire de certains pays membres de l'UMA avec des pays étrangers, notamment leur participation à des exercices militaires qui nuisent à la sécurité de ce groupe. Finalement, la situation semble réglée mais pour quelles fins, se demandent les observateurs ? Fondée au Maroc par le Traité de Marrakech le 17 février 1989, l'Union du Maghreb arabe qui regroupe le Maroc, l'Algérie, la Libye, la Mauritanie et la Tunisie, est paralysée depuis dix ans par des divergences entre les Etats membres, notamment en raison du différend maroco-algérien sur le Sahara. Plus encore, le dernier sommet des chefs d'Etat s'est tenu à Tunis en 1994, alors qu'en principe, ce sommet devrait avoir lieu une fois par an dans un des cinq pays membres. Les objectifs de l'UMA semblent plus difficiles à réaliser dans l'état actuel des choses, à moins d'un revirement historique qui relève du miracle. Les intérêts contradictoires des uns et des autres viennent rapidement à bout de la bonne volonté et les bonnes intentions des dirigeants. C'est vite dit de construire un Maghreb formant un grand ensemble politique et économique rassemblé autour d'une région, l'Afrique du Nord, d'une langue, l'arabe, et d'une religion, l'Islam.