En réaction à l'augmentation de la prime sur les accidents de travail, la Fédération nationale du transport routier a fait appel à une grève générale. Une décision qui exprime un malaise qui règne au sein d'un secteur que l'on qualifie d'anarchique. L'augmentation de la prime sur les accidents de travail n'en finit pas de susciter la colère des opérateurs économiques. La dernière réaction en date est venue de la Fédération nationale du transport routier (FNTR). Cette dernière a même appelé à une grève nationale. Une décision prise à l'issue d'une réunion tenue mercredi dernier à Casablanca et qui exprime un malaise sur plus d'un plan au sein de ce secteur. Dans un communiqué publié peu après cette réunion, la FNTR a fait appel aux autorités de tutelle à prendre dans l'immédiat des mesures contre l'application de cette augmentation. Une réunion aura lieu vendredi prochain afin d'arrêter la date et les modalités d'application de cette grève. Pour Abdelilah Hifdi, président de la FNTR, il s'agit de la goutte qui a fait déborder le vase. Selon lui, la grève a été décidée suite à un ras-le-bol général qui dure depuis plusieurs années. Plusieurs problèmes structurels tirent l'activité vers le bas. Le secteur est régi par le dahir du 12 novembre 1963. La loi qui le modifie a été promulguée en 2000, mais n'entrera en vigueur qu'en 2003. La stratégie adoptée pour le développement de ce secteur est basée sur sa restructuration à travers la libéralisation et la mise à niveau. «La libéralisation du secteur à l'horizon 2003 était synonyme pour nous de professionnalisation et de réglementation du secteur. Mais aucune des mesures à même de permettre l'applicabilité de ce nouveau cadre n'a été prise entre temps. On se retrouve actuellement devant l'impossibilité de relever ce défi», déclare M.Hifdi. De toutes les activités relatives au transport au Maroc, le routier détient la part de lion. Si l'on exclut les phosphates, le secteur représente pas moins des trois tiers du trafic intérieur de marchandises. Le parc est estimé à un demi-million de véhicules utilitaires. Mais il s'agit surtout d'un secteur atomisé où plus de 70% des opérateurs ne détiennent pas plus de 1 à 2 véhicules. A cela s'ajoute la gestion artisanale des entreprises, les pressions fiscales que subit le secteur et l'absence de critères moraux, financiers et professionnels pour accéder au métier. « Jusque là, il suffisait d'être agréé pour être transporteur. Le cadre 2003 a certes fixé des règles dans ce sens, mais on voit mal comment elles pourraient être appliquées», déplore le président de la FNTR. Imposer une augmentation de la prime sur les accidents de travail signifie pour lui l'encouragement de l'informel déjà prospère dans ce secteur et qui dépasse de loin le secteur structuré (70% selon la FNTR). «Ils sont déjà plusieurs dizaines de milliers de camions à sillonner le pays sans patente ni taxes, encore moins de cotisations sociales à payer». La Fédération appelle, dans ce sens, le gouvernement à prendre des dispositions urgentes en vue d'annuler la taxe sur l'essieu qui s'applique d'une manière forfaitaire et constitue un impôt inique. Elle insiste également sur la nécessité pour les autorités concernées de veiller à l'application de la législation en vigueur pour mettre un terme à «l'anarchie» que connaît le secteur routier aux niveaux national et international.