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En compagnie des adeptes de Chaâbana
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 01 - 11 - 2002

Reportage. Une Lila de Gnaoua ou de Chaâbana comme la nomment les Chouafate, n'est pas une nuit de divertissement. C'est une nuit d'exorcisme, de thérapeutique sur fond de rythme gnaoui. Elle se caractérise par des rites de possession qui défient le rationnel.
Dimanche 20 octobre. Un jour qui coïncide avec le 13 Chaâbane 1423 de l'hégire. Il est 3 h du matin. Personne ne se plaint des tons musicaux qui émanent d'une maison de la rue de Larache, située dans l'ancienne médina à Casablanca. «On ne doit pas se plaindre de la Lila de Gnaoua,…N'talbou Taslime Mane Siadna Lajwade Allah Assalihine…», confie une femme qui se tient encore à cette heure tardive au seuil de sa demeure. Elle ne peut pas entrer à la maison où se célèbre la nuit de transe. «Je ne supporte pas voir ces femmes que possèdent par L'Mlouk (pluriel de Malk)…Je pleure quand je les vois …Je me contente d'entendre de loin…» précise-t-elle.
C'est la Lila de Chaâbana, une cérémonie nocturne célébrée par des Chouaffate (Voyantes) qu'on appelle communément Lafkirate. «C'est un pacte qui me lie avec l'Mlouk, je me dois de le célébrer chaque année pendant une nuit de Chaâbana…On doit “Ntalbou Taslime Mane L'Mlouk“…», confie Lalla Malika Lafkira, comme l'appellent les adeptes dont la majorité sont des femmes. Malika, cinquante-quatre ans, mère de cinq enfants dont deux filles, s'adonne à la Tachawafte (La voyance) depuis une vingtaine d'années. «Ce sont L'Mlouk qui m'ont choisi pour exercer la voyance…C'est leur baraka qui est avec moi…» affirme Lalla Malika. En contrepartie des services que lui rendent les Jnoune, elle leur célèbre les Lila de Gnaoua. «Il y a d'autres voyantes qui célèbrent cette nuit avec les Jilala qui utilisent surtout le Bendir et la flûte. Cela dépend du pacte qui les lie avec leur Mlouk…», explique-t-elle. C'est la veille, dans l'après-midi du samedi, que les cérémonies ont été entamées par “D'biha “(L'égorgé ou l'offrande).
Chèvres, moutons, coqs et poulets d'une couleur précise sont égorgés par le maître gnaoui. «C'est la Maâlem qui se charge de la D'biha, il respecte ce rite et l'effectue soigneusement…Il l'encense et invoque les saints et le prophète Sidna Mohammed et Lalla Fatima Zahra (fille du prophète) avant de l'égorger… Il ne doit pas évoquer le nom du Dieu lors de l'égorgement de l'offrande…», précise Lalla Malika Lafkira. La prière d'Al-Îcha a pris fin. Il était 20 h moins quart. Des chants avec les tambours et les Qraqab (les crotales) émanent de l'extérieur de la maison. Les adeptes remuent la tête. Un cortège de cinq gnaouis apparaît.
Leur Maâlem avance lentement, suivi des quatre gnaouis. Les assistants se séparentt en deux files pour les laisser passer à Rahba, le lieu réservé à la troupe et aux adeptes lorsqu'ils passent à l'état de transe. Ils entrent dans la Jadba et Tahyar : une espèce d'état second. Les Gnaoua accèdent à Rahba, s'assoient par terre. Leur Maâllem commence la Dan-Dana avec son Hajhouj. «Rabbi Moulay Sidi, Rabbi Moulay», commence-t-il à chanter, à invoquer les saints, les Mlouk. Lalla Malika Lafkira accède, également, à Rahba, commence à danser, à brûler de l'encens en préparation du rite de possession, de la Jadba. Lamaâlem commence à élever le rythme et à chanter une devise précise. Une première adepte, une deuxième, une troisième commencent à entrer en transe. Elles se prosternent devant Lamaâllem et croisent leur bras avant de commencer Jadba. Elles confirment leur soumission aux Mlouk. Lafkira les voile l'une après l'autre, avec un tissu de couleur bleu foncé. «C'est Lamhalla (Un bataillon de djin à la tête duquel il y a un chef) des Mlouk Samaouiyenne qui sont actuellement à Rahba…», explique un adepte habitué de la possession. La ferveur des adeptes, toujours des femmes, ne se limite pas avec un rythme gnaoui qui va crescendo. Elles ne se retiennent plus. Leur corps s'agite vivement. Le monde se rétrécit et plus rien n'existe. Rien ne semble avoir de l'importance. âmes et corps s'unifient, deviennent un. Quand il finit l'appel d'une Mhalla, Lamaâllem appelle une autre. Les rythmes varient de même que les couleurs des vêtements des adeptes avec chaque Mhalla. Après Samaouyinne, arrivent les Bahriyinne, avec une couleur bleu foncé, puis Rijal Al Ghaba, du bataillon de Sidi Mimoune et Lalla Mimouna, avec la couleur noire, les Mlouk L'Houmar, liés au sang, appartenant à la cohorte de Hammou qui préfèrent la couleur rouge. A chaque bataillon de Mlouk, à chaque rythme gnaoui, et à chaque devise chanté, un rite exclusif, des comportements surnaturels, semblables à la science-fiction, qui angoissent et qui font parfois peur.
Les femmes malaxent à mains nues les verres brisés sans qu'elles soient blessées, d'autres boivent de l'eau chaude, se brûlent les mains avec des bougies, se blessent les bras avec des couteaux. Puis, il appelle les Mlouk féminins avec Lalla Mira, la coquette qui a le souci de plaire en attirant l'attention des hommes et qui préfère le jaune et Lalla Rkia qui choisit le rouge pour sa capacité à guérir la ménorragie. Il ne reste qu'une heure pour atteindre Al Fajr, l'aube. Toute personne non-initiée est surprise par la lumière qui s'éteint. C'est l'heure de l'appel de Aïcha Kandicha.
Les adeptes qu'elle possède ont porté des voiles noirs. «C'est une nuit sacrée, de thérapeutique pour les possédés…», dit Lafkira Lalla Malika. C'était aussi l'annonce d'As-Sobh pour signifier aux adeptes qu'il est temps de rentrer dormir chez eux.


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