L'artiste Abderrahman Rahoule expose actuellement à la galerie «Au 9». Le directeur de l'Ecole des Beaux-Arts de Casablanca y présente des tableaux et des sculptures. Optant pour les couleurs vives et les formes féminines, il rompt avec ses traditionnelles couleurs «terre». Le temps d'une exposition artistique, « Au 9 », un centre de beauté casablancais, s'est mué en un espace d'art pour accueillir les nouvelles œuvres de Abderrahman Rahoule. Artiste aux multiples talents, Abderrahman Rahoule est à la fois céramiste, peintre et sculpteur. Et depuis quelques mois, il est aussi le directeur de l'Ecole des Beaux-Arts de Casablanca. Une nomination qui couronne une carrière de 32 ans vouée à la formation des jeunes artistes marocains. En fait, Abderrahman Rahoule a fait ses études à l'Ecole des Beaux-Arts de Casablanca, de 1962 à 1972, avant de rejoindre son corps enseignant depuis l'obtention de son diplôme en 1972. « Et de cette date jusqu'à aujourd'hui, ma peinture a connu un changement total au niveau des couleurs, de la conception et de l'équilibrage du tableau», dit-il, lors du vernissage de son exposition, inaugurée au début de ce mois-ci et qui durera jusqu'à la mi-janvier 2005. À travers cette nouvelle exposition, Rahoule veut marquer un tournant dans sa carrière. «Il s'agit en fait d'un grand challenge pour moi. Cette exposition est le fruit de toutes mes expériences et rassemble presque tout ce que j'ai fait depuis que j'ai commencé à sculpter et à peindre», explique l'artiste. Le directeur de l'Ecole des Beaux-Arts de Casablanca a troqué, cette fois-ci, ses couleurs «terre» pour des couleurs vives, où le bleu et ses multiples nuances se sont taillés la part du lion. Abderrahman Rahoule a utilisé également dans ses tableaux la technique du collage double et a travaillé sur du papier soie. Pour la sculpture, il a réalisé ses créations en modelant des substances telles que la terre cuite et le bronze. Membre de l'Association marocaine des arts plastiques et vice-président de la coopérative des potiers de Casablanca, Rahoule n'a jamais pensé à faire l'inventaire de ses créations. «On ne compte pas ses enfants ! On aime les voir là où ils se sentent bien. Là où ils seront bien entretenus.» affirme-t-il, l'air sérieux et un tantinet nostalgique. Multipliant les expériences et des stages de formation à l'étranger, Rahoule a exposé un peu partout dans le monde. En Allemagne, à Cuba, au Mexique et en Russie, entre autres, les travaux de Abderrahman Rahoule suscitent admiration et reconnaissance. Le directeur de l'Ecole des Beaux-Arts de Casablanca a également participé à de nombreux symposiums et con-cours de sculptures sur neige en France, au Canada et aux Etats-Unis. Il milite aussi pour qu'«on commence à éduquer les gens à regarder les œuvres parce que cela s'apprend aussi ». Car Rahoule ne cesse d'œuvrer pour que Casablanca se dote de plus de galeries et d'espaces d'art pour « laisser les gens voir et admirer la beauté ». La beauté, un thème récurrent dans ses créations, est à l'honneur dans ses récentes sculptures, à l'image de femmes potelées et généreuses. « J'ai toujours aimé sculpter des corps de femmes. La femme est le symbole de la beauté et de la grâce. Mais, il n'y a pas que la femme dans mes sculptures, il y a aussi son ombre, l'homme. » Inutile de lui demander laquelle de ses sculptures il préfère, Rahoule est catégorique : «Ma meilleure sculpture est ma fille».