Le Roscevac et le Hcaneg interpellent l'UA, les Nations Unies et la Cour pénale internationale Le Réseau des organisations de la société civile pour l'économie verte en Afrique Centrale (Roscevac et le Haut Conseil des acteurs non étatiques du Gabon (Hcaneg) ont lancé, dimanche 11 décembre, à Libreville (Gabon), un message d'interpellation à l'endroit de l'Organisation des Nations Unies (ONU) et de l'Union Africaine (UA) sur les violations des droits des migrants perpétrées par l'Algérie : Intégralité. A la veille de l'ouverture du premier «Forum africain d'investissement et d'affaires d'Alger», les autorités algériennes ont procédé, durant le week-end allant du 3 au 4 décembre derniers, à l'arrestation de quelque 1.500 migrants de différentes nationalités subsahariennes (Cameroun, Mali, Guinée, Côte d'Ivoire, Nigeria, Niger), dont la majorité a été recensée au quartier de Bouchebouk dans la commune de Dely Ibrahim. Ce n'est pas la première fois que le gouvernement algérien entreprend ce genre d'opérations musclées. A la fin de l'année 2014, c'est dans la ville d'Oran que les forces de police avaient ciblé des Subsahariens, arrêtant indistinctement près d'un millier de personnes. Au mois d'août dernier, ce sont plus de 400 migrants maliens qui avaient été expulsés manu militari. De même, ce sont près de 18.000 Nigériens qui ont été déportés par l'Algérie depuis 2014. Le 7 décembre courant, les opérations d'expulsion ont commencé avec le Niger et le Mali comme premières destinations. Des Ong internationales de renom ont condamné ces déportations massives organisées par les pouvoirs publics algériens. Ces expulsions massives font suite aux déclarations tonitruantes de M.Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l'Homme directement rattachée à la présidence algérienne. M. Ksentini a affirmé que «la présence des migrants et des réfugiés africains dans plusieurs régions du pays peut causer plusieurs problèmes aux Algériens», précisant que «nous (Algériens) sommes exposés au risque de propagation du Sida ainsi que d'autres maladies sexuellement transmissibles à cause de la présence de ces migrants (...) ces maladies sont considérées comme quelque chose d'habituel et de normal par cette communauté». L'opération d'expulsion massive a commencé la nuit du jeudi 1er décembre dans la capitale algérienne. Sa brutalité est telle que France 24 l'a qualifié de «chasse à l'homme noir». Outre les migrants en situation irrégulière, la vague d'arrestations systématiques n'a épargné ni les migrants en situation régulière ni les femmes enceintes, les enfants et les nouveau- nés. Même les détenteurs de cartes de réfugiés (HCR) ont été arrêtés dans les rues, dans leurs appartements, ainsi que sur les chantiers de construction (parfois commandés par l'Etat) où ils travaillent. Les migrants ont été divisés en deux groupes: un 1er convoi de bus a pris la route de Tamanrasset à 2.000 km au sud du pays, où ils ont été enfermés dans des camps. Un 2ème qui a été emmené sur un camp de rétention insalubre dans le quartier de Zéralda en périphérie de la capitale où ils ont séjourné à même le sol, et sans les rudiments de la dignité. 50 camions transportant les ressortissants nigériens sont arrivés à Agadez (Niger) en fin d'après-midi du 7 décembre, en provenance de Tamanrasset. Un autre convoi est arrivé à Kidal (Mali) transportant les migrants maliens; les autres ont été emmenés à In Guezzam, selon les témoignages d'un migrant à Reporters-dz. Cette opération a trouvé un large écho auprès des médias, notamment africains et européens. En effet, des médias camerounais, gabonais, sénégalais, maliens, guinéens, français, belges, italiens, espagnols et anglais ont unanimement condamné un coup de filet arbitraire, raciste et violent. BBC Afrique a qualifié de «brutale» l'expulsion des sans-papiers africains subsahariens qui aurait causé de nombreux blessés dont des femmes et des enfants. Le journal en ligne guinéen Africaguinee.com avec photo à l'appui, qualifie l'opération menée par le gouvernement algérien d'«enfer» et de «véritable chasse à l'homme». Selon France 24, même les ressortissants en situation régulière auraient été raflés. Les conditions de détention ont été sévèrement critiquées, notamment le lancement du gaz lacrymogène par la police, le vendredi 2 décembre, pour obliger les détenus à monter dans les bus pour Tamanrasset. Le groupe France-info dans sa rubrique Geopolitis, a dénoncé «la chasse à l'homme noir», dans un long reportage relatant les conditions de vie inhumaines des ressortissants sub-sahariens exposés à tout risque. Le Monde relate les témoignages d'un migrant camerounais raflé à Alger, se souvenant des violences exercées par les gendarmes, même sur les enfants, un Guinéen a été grièvement blessé, ils l'ont enveloppé dans une couverture et ont disparu. Jeune Afrique parle «d'une traque de gibier africain», et ajoute : «L'Algérie semble passée maître dans une traque dont le gibier lui aussi d'Afrique subsaharienne est humain». Radio France Internationale (RFI) soulève de son côté les conditions de travail des ressortissants subsahariens et parle de «migrants tolérés dans les chantiers de la capitale et d'ailleurs en Algérie». Plusieurs ONG ont réagi à cette opération, AI par la voix de la directrice de sa branche en Algérie, Hassina Oussedik, estime que ces migrants qui sont en situation «extrêmement fragile» doivent être protégés par l'Etat. Or, cette dernière, en procédant à cette vaste opération d'expulsion, viole la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles, en consacrant une gestion policière exclusive de la question migratoire consistant à les exploiter pour des considérations économiques, les stigmatiser et procéder à leur expulsion quand le besoin ne se manifeste plus. Le chargé de la communication d'Amnesty International en Algérie, Brahim Mahdid, demande que les responsables de ces violations soient traduits en justice pour protéger les migrants des agressions physiques, des violences sexuelles, et de la xénophobie. Invité dimanche 11 décembre en direct du journal parlé de la mi-journée de radio Renaissance sur les 102.5 FM, Nicaise Moulombi, président du Roscevac, accompagné d'Yvon Martial Ntziantzi Miyagou (coordonnateur du Hcaneg), a condamné avec la plus ferme énergie l'action des autorités algériennes et demandé une sanction sévère à leur encontre. * Nicaise Moulombi, président du Réseau des organisations de la société civile de l'économie verte en Afrique Centrale (Roscevac) et Yvon Martial, coordonnateur du Haut Conseil des acteurs non-étatiques du Gabon