A l'image de Tanger, la ville nord-africaine face à l'Europe, Yto navigue entre deux eaux et baigne dans l'histoire des relations historiques et politiques franco-marocaines depuis son enfance. Yto Barrada est l'une des quatre artistes nominés pour le plus célèbre prix d'art contemporain, le prix Marcel Duchamp. L'artiste franco-marocaine a un regard unique et un art universel. Ses oeuvres sont exposées au Centre Pompidou du 12 octobre au 30 janvier 2017. Pendant quinze ans, seul le lauréat du prix Marcel Duchamp avait la chance d'être exposé au Centre Pompidou pour plusieurs mois. Cette année, les oeuvres de Kader Attia, Ulla von Brandenburg, Barthélémy Toguo et Yto Barrada seront exposées pendant trois mois, dans les 650 mètres carrés de la Galerie 4 du Centre Pompidou. Un regard unique Le regard de Yto Barrada est unique et artistique, vif et curieux, en quête de beauté et de vérité. Regarder ses oeuvres c'est regarder à travers ses yeux les réalités politique et sociale de la vie au Maroc et ailleurs. A l'image de Tanger, la ville nord-africaine face à l'Europe, Yto navigue entre deux eaux et baigne dans l'histoire des relations historiques et politiques franco-marocaines depuis son enfance. Fille du journaliste Hamid Barrada et de Mounira Bouzid, elle est née à Paris en 1971 et a grandi à Tanger. Cette ville l'inspire et peuple ses oeuvres. Après avoir suivi des études d'histoire et de sciences politiques à la Sorbonne, elle fréquente le Centre international de la photographie à New York et s'engage dans la voie de l'art. Elle partage son temps entre Tanger et New York, travaille sur le territoire géographique, entre autres, en l'abordant comme un matériel d'échange. Yto s'inspire du quotidien de Tanger, de ses habitants, son histoire et son expansion touristique, économique et immobilière. Activiste culturelle impliquée dans la représentation du monde arabe, l'esthète est membre de la Fondation arabe pour l'image, un centre unique d'images d'archives du monde arabophone. Elle a rénové, avec son mari, l'acteur américain Sean Gullette, le vieux cinéma mythique des années 1940, le Rif qui est devenu la première cinémathèque d'Afrique du Nord. Elle a fait de ce lieu, jadis abandonné, un espace incontournable de rencontre pour la jeunesse tangéroise, fréquenté par les touristes de tous bords. Art universel Yto Barrada interroge à travers son art les histoires individuelles et la Grande Histoire, de Tanger, du Maroc, du Maghreb et de chaque côté de la Méditerranée. En cherchant à apprendre la vérité, elle traque le flou et le faux. Son travail inclut photographies, sculptures, éditions et installations, ainsi qu'une panoplie de projets qu'elle a réalisés en collaboration, dont un livre d'enfants avec son mari et Nadja Zimmermann, une monographie de son travail publiée chez JPR/Ringier en 2013 et une installation interactive «Morocco to the Moon» avec les Zid Zid kids pour Art Dubain avec Louis Vuitton. Ses oeuvres ont été exposées à la Tate Tate Modern (Londres), au MoMA (New York), à la Renaissance Society (Chicago), au Witte de With (Rotterdam), à la Haus der Kunst (Munich), au Centre Pompidou (Paris), à la Whitechapel Gallery (London) et à la Biennale de Venise (2007 et 2011). Elle est désignée artiste de l'année par la Deutsche Bank (2011), à la suite de quoi son exposition Riffs circule largement. Elle est aussi la fondatrice et la directrice de la Cinémathèque de Tanger. Elle bénéficie de la bourse pour la recherche en photographie 2013-2014 du Peabody Museum (Harvard University) et reçoit le Prix Abraaj en 2015. Yto Barrada est représentée par Sfeir-Semler Gallery (Beyrouth-Hambourg), par la Galerie Polaris (Paris) et par Pace Gallery (Londres). Cette dernière s'est exprimée sur son site officiel pour la féliciter de la réussite de ses expositions, programmées dans des musées internationaux de grande envergure. En 2015, Pace London a présenté Faux Guide, l'exposition de Yto Barrada qui a été exposée plus tard à la Fondation Serralves à Porto et au Carré d'Art à Nîmes. Selon Pace London, le travail de Barrada sera bientôt exposé à Bruxelles et à Toronto. Ses oeuvres sont également exposées à Manifesta 11 à Zurich, au Beirut Art Centre, à la Secession à Vienna et Tabakalera à San Sebastian. Soukaina Zoubir (Journaliste stagiaire)