Lors de la 65ème session du Conseil économique, social et environnemental (CESE), les sages ont mis l'accent sur l'auto-entrepreneuriat et le secteur informel. Une entrée en action du Conseil très attendue par les petits entrepreneurs et les jeunes créateurs de projets et un débat qui apportera sûrement un nouveau souffle à la dynamique du secteur entrepreneurial au Maroc. A ce sujet, nous avons mené l'enquête auprès d'entrepreneurs dans les marchés publics. Pour un entrepreneur novice, «concrètement et sans langue de bois, trouver un financement ou accéder aux marchés publics est un chemin de croix. De plus, les frais des assurances, l'affiliation à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et le poids des impôts sont des éléments pesants pour un jeune débutant dans l'entrepreneuriat», confie cet entrepreneur dans le secteur du BTP que nous qualifierons d'Ahmed. Il ajoute que «trois années après l'entrée en vigueur du décret des marchés publics, les petits entrepreneurs se heurtent aux conditions «draconiennes» pour l'accès aux commandes publiques. La validation de l'expérience pour l'accès à certains marchés constitue l'obstacle majeur auquel les PME font face». Outre ces difficultés, certains jeunes entrepreneurs ne disposent pas du minimum exigé pour prétendre au statut d'entrepreneur, à savoir des bureaux ou à la rigueur un siège social. Ils ont pour seul bureau «le café du coin». S'agissant du statut du petit entrepreneur, selon Ahmed, «il est encore flou. Les jeunes entrepreneurs ignorent à quelle case s'apparenter. Les frontières entre petite et moyenne entreprise demeurent ambiguës, et la classification de la petite entreprise reste incompréhensible pour un jeune, d'où la nécessité de l'accompagnement et la formation». Pour promouvoir l'investissement et en particulier la petite et moyenne entreprise, le système bancaire a mis en place des moyens de financement au profit des jeunes entrepreneurs. Toutefois, selon cet entrepreneur dans l'animation qui a tenu à garder l'anonymat, «les jeunes porteurs de projets se trouvent dans la difficulté de fournir les garanties indispensables pour démarrer leurs projets. De plus, le manque de coordination et de communication entre les filiales et les sièges sur les possibilités offertes aux jeunes promoteurs persiste. Un autre critère de taille qui rentre dans le cadre du financement, celui de la coordination entre l'Etat et le secteur bancaire. D'où le pessimisme de beaucoup de jeunes porteurs de projets». Quant aux délais de paiement, Samir, jeune entrepreneur dans le domaine des services, nous confie : «Les établissements semi-privés semblent plus respecter les délais. Pour ce qui est de l'accompagnement de l'Etat, un long chemin reste à faire». Le secteur informel en question Un autre point essentiel qui mine l'auto-entrepreneuriat, le volume du secteur informel. Selon Ahmed, l'entrepreneur en BTP, «cela est bien connu, les employés de cette économie parallèle ne participent pas à la croissance au même titre que le secteur formel qui, lui, paie ses impôts et embauche dans la majorité des cas en toute transparence. L'informel se livre à la concurrence déloyale contre les petites entreprises et les toutes petites entreprises (TPE)». Autant d'inconvénients qui pèsent sur la croissance économique. Le poids considérable du secteur informel a des effets négatifs sur les différents aspects de l'économie. Accepter de jouer le jeu de la transparence et parer aux réticences des auto-entrepreneurs. «Ces acteurs de l'économie parallèle appréhendent l'insertion dans le formel». Pour pallier ce problème, l'emploi des jeunes par le biais de l'auto-entrepreneuriat est le nouveau plaidoyer du CESE. Ce projet de rapport fait un diagnostic détaillé de la situation de l'emploi au Maroc, à savoir le chômage et la politique de l'emploi et il fait une évaluation de l'auto-emploi. De même il formule à ce sujet une série de recommandations stratégiques. Ce projet de rapport sera soumis à l'assemblée générale du Conseil lors de la prochaine cession. Leila Ouchagour (Journaliste stagiaire)