Inaugurée mercredi 1er décembre, la 3ème conférence de la Fondation de la pensée arabe a été l'occasion de distinguer quelques-unes des figures arabes les plus en vue du moment, et d'insister sur l'importance du dialogue et du partage d'idées dans le monde arabe d'aujourd'hui. Le rideau s'est levé mercredi 1er décembre sur les travaux de la 3ème Conférence de la Fondation de pensée arabe. Prévue jusqu'au 4 du même mois à Marrakech, cette manifestation est organisée sous le thème «Les Arabes entre la culture du changement et le changement de la culture». La cérémonie d'ouverture a été présidée par le Prince Moulay Rachid. L'occasion pour Son Altesse de donner lecture du message royal adressé par le Souverain aux participants à cette conférence. Dans ce message, SM le Roi Mohammed VI a appelé à l'émergence d'une pensée stratégique constructive qui apporte sa pierre à l'oeuvre d'édification démocratique et au processus de développement. Le Souverain a également affirmé que la pensée doit servir de vecteur de mobilisation, faire renaître l'espoir et favoriser l'esprit de solidarité autour de grands projets de société, lesquels «projets doivent, à leur tour, affranchir les esprits et libérer les énergies, afin de créer des richesses, stimuler l'expression culturelle et artistique, et préserver l'identité de nos peuples». Il a en outre souligné la pertinence du thème de la conférence à un moment où «notre Oumma fait actuellement face à une conjoncture extrêmement sensible» et où elle est, par conséquent, appelée à "repenser la pensée arabe». SM le Roi Mohammed VI a également mis en exergue le rôle du penseur arabe qui doit faire preuve d'engagement et être à l'écoute des problèmes de sa société «sans pour autant céder aux dérives populistes». Des propos renforcés par d'autres. Allant dans le même sillage, le président de la Fondation de la pensée arabe, le Prince Khalid Al Fayçal Ben Abdelaziz, a affirmé lors de cette cérémonie d'ouverture que «la Oumma arabe est appelée à choisir entre l'adoption d'une culture de changement qui lui est propre, ou d'accepter le changement de sa culture, tel qu'imposé de l'extérieur, dans le cadre de la nouvelle configuration du monde actuel». Et d'ajouter que tout un chacun est au courant des projets de réformes élaborés aussi bien en Occident qu'en Orient, lesquels ont suscité de multiples réactions entre partisans, adversaires et ceux qui appellent à la nécessité de mettre fin aux sensibilités, et d'examiner ces réformes proposées de l'extérieur avec objectivité. Un changement qui devrait permettre une relecture du passé selon une nouvelle approche fondée à la fois sur des données et une vision actuelles des choses. C'est en tout cas le sens vers lequel ont penché les participants à un séminaire sous le thème «Pourquoi la culture du changement ?», organisé à cette occasion. Le Jordanien Chakir Naboulsi, président de la Ligue universitaire américaine, a indiqué à cet égard qu' «il n'existe pas de mouvements historiques sans changement», ajoutant que «l'histoire humaine politique, sociale, économique ou culturelle n'est autre que des étapes de la vie qui ont subi des changements». A ce propos, il a fait remarquer que si un événement historique a «la chance de se reproduire, il ne le fera pas de la même manière, mais se fera selon une logique et des conditions de l'instant même», ajoutant que ces conditions changent de façon permanente. Quant à ceux qui craignent le changement, «ils croient que ce phénomène entrave le développement alors même, qu'il ne peut y avoir de développement sans changement», a-t-il dit. Cependant, a-t-il précisé, «le monde arabe compte actuellement plus de 60 millions d'ignorants et plus de 100 millions d'intellectuels analphabètes», selon deux rapports établis par les Nations unies sur le développement humain pour les années 2002 et 2003. Un sérieux obstacle.