Après une longue rupture, la Syrie de Bahar Al-Assad a annoncé officiellement mardi son intention ferme de reprendre des négociations de paix avec Israël. Sans condition préalable aucune. Il y a plus d'une semaine déjà que le coordinateur de l'ONU au Proche-Orient, Terje Roed-Larsen a affirmé que le président Bachar Al-Assad était prêt à reprendre «sans conditions» les négociations de paix avec Israël. Mardi, l'agence officielle SANA rapporte que « la position syrienne est déterminée pour la reprise des pourparlers de paix et pour construire sur ce qui a été réalisé y compris avec la caution de Rabin». Une position qui n'inclut aucune pré-condition pour la poursuite des négociations, souligne la source officielle citée par SANA. La Syrie avait jusqu'à présent toujours affirmé qu'elle voulait reprendre les négociations de paix avec Israël «au point où elles s'étaient arrêtées» en janvier 2000. Damas veut récupérer le plateau du Golan occupé par Israël depuis 1967 et annexé en 1981 avant de conclure un traité de paix avec l'Etat hébreu. Il convient de rappeler que «La caution de Rabin» est le terme diplomatique désignant la promesse qu'a faite le défunt Premier ministre israélien Itzhak Rabin à la Syrie qu'un retrait total des territoires syriens figurerait dans tout accord de paix final avec la Syrie. Depuis son arrivée au pouvoir en juillet 2000 après la mort de son père, Bachar Al-Assad a dit qu'il était prêt à reprendre les pourparlers avec Israël. La même année, les pourparlers de paix entre la Syrie et Israël ont échoué en grande partie à cause de la question de l'étendue du plateau du Golan, occupée par Israël, qui serait restituée à la Syrie, et sur l'insistance du pays arabe de reprendre les discussions là où elles ont été interrompues. Mais la promesse de Rabin est à présent réfutée par les responsables israéliens. Ils déclarent que ladite promesse n'était qu'hypothétique, conditionnelle et destinée à tester les Syriens pour voir ce qu'ils étaient prêts à offrir en retour. Par ailleurs le président syrien Bachar Al-Assad a rendu mardi une brève visite à son homologue égyptien Hosni Moubarak dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge, et a souligné à cette occasion la disposition de la Syrie à reprendre les discussions de paix avec Israël. Suite à cette visite, et à l'issue de la rencontre des deux présidents, un responsable égyptien cité par l'agence syrienne a indiqué que Damas ne campait plus sur la position de «La caution de Rabin». En somme, c'est la Syrie qui tend la main à Israël sur la base des résolutions du Conseil de sécurité et du principe de la terre contre la paix. Mais si le président d'Israël Moshé kats av s'est prononcé en faveur d'une réponse positive, les faucons de l'Etat hébreu demeurent incrédules arguant que pendant que la Syrie «tend la main» elle laisse agir librement le Hezbollah, sur le territoire libanais, pourtant contrôlé par elle. Ils avancent qu'à l'heure actuelle, Israël n'est pas en mesure, juridiquement, de justifier une éventuelle souveraineté sur le Golan. La loi israélienne du 14 décembre 1981 n'avait fait que placer les hauteurs du Golan « sous la loi, la juridiction et l'administration de l'Etat » (d'Israël). Une situation fondamentalement différente de celle de Jérusalem, qui, effectivement, a été annexée à Israël. Certains observateurs israéliens ont relié la dernière «offre» de Bachar Al-Assad à la crainte (légitime) qu'il pourrait éprouver (comme l'Iran d'ailleurs) de voir, un jour prochain, les Etats-Unis se retourner contre la Syrie, pour «faire cesser le danger de déstabilisation que joue son pays dans la région». Ils vont même jusqu'à prétendre que le président syrien cherche, surtout, à faire oublier à l'ONU qu'il n'a toujours pas exécuté la résolution 1559 du Conseil de sécurité qui demande le départ de toutes les troupes étrangères du Liban. «Or il n'y a plus que des troupes syriennes au Liban, depuis le retrait israélien au printemps 2000 ». Toujours est-il que la Syrie a marqué un point aux yeux de l'opinion internationale en rappelant Israël à la table des négociations en prenant l'ONU comme témoin.