Yémen: le bilan des frappes américaines monte à 53 morts, selon les Houthis    Boxe féminine : La Marocaine Widad Bertal sacrée championne du monde    Munir Mohamedi: Primer título en Marruecos tras un largo viaje    Maroc : nouvelles acquisitions foncières pour le réseau ferroviaire et l'aménagement des territoires ruraux    Écosse : Hamza Igamane offre la victoire aux Rangers lors du derby de Glasgow    Amina Bouayach prend ses fonctions à la tête de l'Alliance mondiale des institutions nationales des droits de l'Homme    Trudeau, sioniste!    Mauritanie : L'ambassadeur marocain rencontre l'autorité des médias    Rabat : Le prix du manque de vision urbanistique    Angleterre : Newcastle remporte la coupe de la ligue, son premier sacre depuis 1955    Botola D1: Premier titre de Champion de la RSB    Botola D1/J25: Le FUS sur la 3e marche du podium, la JSS barragiste    Botola D1/J25: 4e nul d'affilée du Wydad, le 2e de suite de l'Etihad    Munir Mohamedi : Premier titre au Maroc après un long périple    Autonejma lance la BYD Seagull au Maroc, une citadine 100% électrique à prix ultra concurrentiel    Santé : L'urgence d'une politique claire pour des médicaments plus accessibles    Sebta : le trafic commercial via les douanes se poursuit    Narco-tunnel de Sebta : les autorités marocaines inspectent des entrepôts    PJD denounces energy deal with Israeli firm off the Sahara    Energía: El PJD denuncia el acuerdo con un grupo israelí    MAGAZINE : Naïma Samih, la voix dans la plaie    Le ministre de l'intérieur français menace de démissionner si Paris cède sur le dossier algérien    Trump et Poutine doivent discuter de l'Ukraine cette semaine    Sukhoi 35 vs F-35 : Alger ou Rabat, qui dominera le ciel nord africain ?    Tourisme rural, événements sportifs, offres... Ammor détaille ses stratégies    L'Algérie et la découverte de la carte bancaire : entre moquerie et réalité amère    Le Maroc s'impose comme septième puissance mondiale pour l'hydrogène vert éolien avec une capacité projetée de 26,61 gigawatts    Casablanca : un site industriel exproprié pour l'extension ferroviaire    Nouvelle baisse des prix du carburant : un souffle d'espoir pour les consommateurs    "Ato Man" : Le premier super-héros amazigh au cinéma – Un film franco-marocain inspiré de la légende    Conseil de BAM : Consensus en faveur du maintien du taux directeur    Guerre en Ukraine : le Royaume-Uni plaide pour des « négociations sérieuses soutenues par des arrangements sécuritaires solides »    Guerre tarifaire: Près de la moitié des entreprises canadiennes prévoient de réduire leurs dépenses    Fortes rafales de vent et chutes de neige, lundi et mardi, dans plusieurs provinces du Royaume    Le Canada réétudie l'achat d'avions de chasse américains    Vienne : Adoption d'une résolution inédite portée par le Maroc, la France et le Brésil sur l'impact de la drogue sur l'environnement    Les projets d'Elon Musk dans le désert suscitent l'inquiétude des îles Canaries    Energie : Le PJD dénonce l'accord avec un groupe israélien    Botola Pro D1 "Inwi" (25è journée) : La Renaissance Berkane sacrée championne du Maroc    Vienne : Adoption d'une résolution inédite portée par le Maroc, la France et le Brésil sur l'impact de la drogue sur l'environnement    Sahara : L'Algérie tente de contrer le Maroc au Mexique    Diaspo #380 : Aux Pays-Bas, Bilal Ben Abdelkarim raconte les MRE, de la résilience à l'autonomisation    Les ambassadeurs de la musique andalouse marocaine en France gratifient le public parisien d'une soirée festive et spirituelle    Moussem Moulay Abdellah Amghar 2025 : Une Réorganisation Stratégique pour un Rayonnement Accru    La Chine et la Russie réaffirment leur soutien total à l'Iran face aux pressions américaines    Caftan Week 2025 : Voici la liste des stylistes sélectionnées    John Cena et Jessica Beil en tournage au Maroc    Festival Comediablanca 2025 : Hanane Fadili et Romain Frayssinet à l'affiche    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Bouteflika : Une imposture algérienne (31)
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 01 - 12 - 2004

Directeur du quotidien algérien «Le Matin», Mohamed Benchicou a publié à la veille des présidentielles algériennes un livre pamphlet, «Bouteflika : une imposture algérienne», qui retrace la carrière politique et militaire du président Abdelaziz Bouteflika. Le livre, qui a fait l'effet d'une bombe, a valu à son auteur deux ans de prison ferme.
La fameuse « traversée du désert » ne dura pas vingt ans mais seulement huit ans : Bouteflika a quitté la direction du FLN en 1981 pour la retrouver en 1989.
Abdelaziz Bouteflika ne fut pas évincé du pouvoir à la mort de Boumediène, en 1979, comme le suggère son entourage : il y est resté jusqu'en décembre 1981, reconduit autant dans la direction du FLN que dans le premier gouvernement post-Boumediène que Chadli Bendjedid forma le 8 mars 1979. Bouteflika n'y avait, certes, plus le portefeuille des Affaires étrangères, attribué à Mohamed-Seddik Benyahia, mais bénéficiait néanmoins d'un prestigieux statut de ministre conseiller auprès du président de la République.
Le 30 juin 1980, c'est-à-dire six mois après la disparition de Boumediène, Bouteflika se verra réélu au Bureau politique du FLN. Il fera partie, à ce titre, des personnalités les plus marquantes du moment, siégeant aux côtés de Rabah Bitat,
Abdellah Belhouchet,Mohamed-Salah Yahiaoui,Mohamed-Saïd Mazouzi et Boualem Benhamouda.
Il fut associé aux sept résolutions du congrès extraordinaire du FLN réuni du 15 au 19 juin 1980, qu'il a toutes approuvées, avec la pleine conscience qu'elles constituaient le socle de la nouvelle politique post-Boumediène,
celle qui inaugurait la « décennie noire » de Chadli qu'il se plaira à fustiger sans jamais signaler qu'il en fut l'un des concepteurs consentants. Bouteflika ne sera écarté du FLN que le 22 décembre 1981.
Il ne sera pas marginalisé pour ses idées, mais pour « gestion occulte de devises au niveau du ministère des Affaires étrangères », selon la formule d'inculpation de la Cour des comptes.
Il payait ainsi pour avoir placé sur des comptes particuliers en Suisse, entre 1965 et 1978, et à l'insu du Trésor algérien, les reliquats budgétaires de certaines ambassades algériennes à l'étranger. Dans la décision de suspendre l'appartenance d'Abdelaziz Bouteflika de ses rangs « en attendant son exclusion par le congrès », le comité central, réuni ce jour-là en 6e session, signale que « le concerné s'engage à restituer les biens et dossiers du parti et de l'Etat en sa possession », parle de « dossier au
contenu grave » qui justifie de «saisir la justice de l'affaire».
« J'ai été exclu en même temps que lui, Ahmed Benchérif et Belaïd Abdesselam, se souvient Sid-Ahmed Ghozali.
Il y eut 260 votants sur 260 qui ont voté l'exclusion d'Ahmed Benchérif et d'Abdelaziz Bouteflika, mais 11 voix ont osé dire non pour Belaïd Abdesselam et moi ! Et ça a nourri une autre amertume supplémentaire chez lui : “Mais où étaient donc mes amis ?” me demandait-il pendant de longues années. Il ne comprenait pas que parmi les onze membres qui ont brisé l'unanimité aucun n'ait pensé à le faire pour lui aussi. »
Bouteflika sera ensuite confondu par la Cour des comptes de « faits délictueux préjudiciables au Trésor public » et dut rester à l'étranger afin d'échapper à la justice de son pays.
Entre 1981 et 1989, Abdelaziz Bouteflika vécut entre Paris, Genève et Abu Dhabi, après une tentative d'exil ratée à Damas.
Les dirigeants syriens lui ayant fait l'« affront » de le loger dans un appartement alors qu'il demandait une villa, le ministre algérien s'en offusqua et quitta le pays sans saluer ses hôtes. Selon le chef de la diplomatie syrienne, Khaddam, qui rapporta le fait aux Algériens, Hafedh El Assad reçut ce caprice comme un camouflet.
« A Paris, il ne manquait visiblement de rien, atteste Abdelkader Dehbi, un vieil ami de Bouteflika qu'il a bien connu pendant ces années-là. A Paris, il habitait un appartement dans un quartier cossu proche des Champs-Elysées dont il disait qu'il a été mis à sa disposition par Cheikh Zayed Ben Sultan Al Nahyan. »
Les autorités du Golfe ont été d'une grande prodigalité envers Bouteflika sans qu'on en connaisse la raison. Ainsi, à Genève, au tout début de son exil, Bouteflika aurait été pris en charge par Zaki Yamani, alors patron d'Air Harbour Technologies, spécialisée dans le tourisme d'affaires au Moyen-Orient et en Afrique.
A Paris, et selon les confidences de l'attaché militaire des Emirats faites à Dehbi, l'ambassade prenait en charge tous les frais de Bouteflika, ceux du transport aérien notamment. Bouteflika, en retour, assistait à certaines réunions de l'ambassade émiratie.
L'ancien ministre tunisien Masmoudi l'aida à s'installer aux Emirats. A Abou Dhabi, Bouteflika a passé son séjour entre un logement mis à sa disposition par Cheikh Zayed Ben Sultan Al Nahyan, chez qui il a travaillé comme vague conseiller à l'Institut des études stratégiques, et l'hôtel Intercontinental, aux frais de l'ancien ministre des Affaires étrangères émirati M. Souidi. Il se rendait assez souvent au Centre culturel de la ville, dirigé par le fils de Souidi, où, dit-on, il participait à des débats privés, parfois des discussions informelles avec des représentants des corps diplomatiques occidentaux et arabes.
Une fois élu président de la République, Bouteflika s'est toujours senti redevable envers le Cheikh à qui il rendait visite à la moindre hospitalisation en Suisse.
Le président a poussé les gestes de reconnaissance au point d'enfreindre les normes protocolaires en vigueur lors d'une visite d'un président dans un autre pays.
En février 2003, lors de l'organisation de la semaine culturelle algérienne aux Emirats arabes unis, Bouteflika se fait recevoir par Cheikh Zayed pour quelques minutes, et s'empresse d'embrasser les enfants du souverain, y compris les plus petits, se croyant toujours dans la peau de l'exilé. Le Cheikh s'interpose alors pour rappeler Bouteflika à ses obligations de président : «Vous êtes venu ici en tant que président d'un pays souverain, ce n'est pas à vous d'aller saluer mes enfants et mes ministres, c'est à eux de le faire. »
Le président Bouteflika se fera également fort de se souvenir de l'hospitalité des amis émiratis auxquels il accordera de juteux marchés au mépris de la réglementation et le droit de chasser les espèces rares dans le désert algérien.
Le président Chadli a toléré cet exil doré accordé à un ancien ministre de la République. « Mieux vaut que Bouteflika soit pris en charge par les Emirats que par Saddam ou Kadhafi, a expliqué Cheikh Zayed au président algérien en visite aux Emirats. Et puis, vaut mieux pour nous tous qu'il ne subisse pas l'exil en France. » Le Cheikh s'est juste autorisé cette ironique remarque devant le président algérien : « Votre ministre abuse un peu des boutiques de l'Intercontinental ! » Les achats de Bouteflika étaient, en effet, réglés
par le palais royal. Bouteflika, en dépit des charges retenues contre lui, a de tout temps joui des protections dues aux notabilités du régime, en vertu du système de connivences auquel il avait droit en qualité d'éternel dignitaire.
De cette réalité, on mit quelques mois, après l'élection de 1999, pour s'en rendre compte : il nous est revenu d'exil le même cardinal de la pensée unique, mais un cardinal amer d'avoir mis vingt ans à recouvrer « son » trône, haineux qu'on l'ait sacrifié au chadlisme, décidé à rendre gorge aux généraux acolytes et au peuple passif.
Mais l'homme saura, en 1999, être si émouvant dans la complainte qu'il finira par installer la compassion, puis la sympathie, antichambres d'une nouvelle légitimité.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.