Comment une banque comme le CIH pouvait-elle résister à un si grand nombre d'infractions portant autant sur sa gestion et son management que sur l'irrespect des procédures légales dans l'octroi des crédits. Dans l'affaire du Crédit Immobilier et Hôtelier, le dossier qui a été le plus médiatisé, ne serait-ce que dans le chapitre relevant des défaillances de la gestion et du management, correspond à celui de la villa Nathalie, servant de lieu de résidence à l'ancien PDG de la banque. Elle tire son importance de la somme qu'il a fallu verser pour son acquisition, soit plus de 45 millions de DH auxquels s'ajoutent 12 millions de DH puisés dans le budget du CIH et alloués à sa construction, aménagement et équipement. Supposée servir de complexe touristique, elle s'est transformée de résidence de fonction dès 1994 soit au lendemain de la nomination de Moulay Zine Zahidi à la tête du CIH. Dans le rapport de la brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), le tort est double pour l'ancien PDG du CIH. Car, il n'a non seulement privé le CIH d'une source de revenu qu'il pouvait se procurer en maintenant l'activité initialement attribuée à la villa Nathalie, mais il s'est aventuré à mobilier une partie du budget du CIH pour assurer son aménagement sans en consulter le Conseil d'Administration. La villa Nathalie ne constitue par ailleurs la seule affaire de taille dans le casier d'infraction de gestion. Outre les acquisitions immobilières non justifiées orchestrées par l'ex-PDG Othmane Slimani, l'opération d'extension du siège social en est une autre, et non des moindres. Une enveloppe de 48,7MDH a été attribuée à l'accomplissement de cette opération, déroulée, selon le rapport de la BNPJ, dans des conditions peu nettes. Et pour cause, les transactions de constructions et d'équipements ont été conclues avec des opérateurs qui n'avaient pas présenté la meilleure offre en termes de prix notamment. Moulay Zine Zahidi n'est pas le seul accusé dans cette affaire. Abderrahmane Mirdas et Abdellatif Essadek y sont à leur tour impliqués. Si l'on raisonne selon le facteur purement matériel pour juger de l'importance d'un dossier donné, l'affaire d'informatisation du CIH ne pourrait, en aucun cas, être dédaignée. Ce sont en effet 80MDH investis entre 1988 et 1999 dans des systèmes informatiques inefficaces fournis tous par la société Forum, dont 33 % furent acquis en 1987 par le CIH pour les céder six ans après en contrepartie de ses parts dans une autre société d'informatique détenues conjointement par Formatis et le CIH. Dans le registre des affaires liées à la mauvaise gestion, sont aussi à citer la Socopsun à laquelle le CIH avait accordé en 1991 un crédit de près de 70MDH. Se trouvant dans des difficultés financières l'empêchant d'honorer ses dettes, Othamne Slimani et Abdelhak Benkirane, alors respectivement PDG et DG du CIH, ont procédé à son acquisition à travers la création d'une nouvelle société, baptisé SCI Atlas. Dans le chapitre des crédits, le dossier de la société Dounia Hôtels figure en tête de liste. Elle qui a profité d'une série de crédit dont le montant global s'élevait à 373,7MDH pour atteindre en 1999 la somme de 890MDH. Un montant que la BNPJ juge important pour qu'il soit accordé sans avoir procédé au préalable à des études de faisabilités complètes et effectué à-postériori des contrôles permanents à même de déterminer les capacités de remboursement de bénéficiaire du crédit. De par sa fonction de Crédit spécialisé dans le domaine hôtelier, un grand nombre de dossiers touristiques y était traités. Il s'agit notamment de Kabila Marina, une société constituée en 1986, dirigée par Ahmed Snoussi et à laquelle le CIH a accordé des crédits de 114,3MDH sans compter les avances qui lui ont été accordées de la part de l'Etat (17,23MDH). L'objectif étant la construction d'un complexe immobilier et touristique dans la ville de Tétouan. Il s'agit aussi de Palm Dune opérant à Cabo Négro, des hôtels Chama et Borj, Hanae Club et d'Atlantique Palace spécialisée dans l'étude, la réalisation et l'exploitation de projets touristiques et immobiliers et qui a bénéficié de trois crédits du CIH et de trois avances de l'Etat, alors que tous les indices laissaient penser que le projet avait peu de chance pour aboutir. Comment faire pour évoquer dans le détail l'ensemble des affaires citées dans les différents rapports sur le CIH ? En font partie la société Mourad Sakan, Promoclinique, cliniques Hakim et Kadi, Maroc Craie, Executive Shirt, Proogretex , KSA, SCI Maria, Chaouia Acro, Novagel Assabah SCI, la société immobilière de travaux sociaux, Groupe Addelfattah Bargach, univers Motors, groupe Balafrej, société Oum Rabii, Hati Métal, Panorama et la liste reste bien longue puisqu'elle comporte 45 dossiers de crédits.