L'affaire du Crédit Immobilier et Hôtelier (CIH), qui remonte à la fin des années 90 du siècle dernier, vient de connaître son dénouement avec le verdict rendu vendredi par la Cour d'Appel de Casablanca. Cette juridiction n'a pas seulement, en effet, confirmé le jugement précédemment rendu par le tribunal de Première Instance, mais l'a aggravé en doublant les peines infligées aux principaux accusés, à savoir l'ex-P.D.G de la banque My Zine Zahidi qui écope de 20 ans de prison ferme au lieu de dix auparavant et ses deux co-accusés Ahmed Skalli et Naïma Hoyam dont la peine est passée à 10 ans d'emprisonnement. Dans ses attendus, la Cour n'a retenu que les chefs d'accusation portant sur la dilapidation de deniers publics et de non respect des règles et procédures de gestion, le CIH étant un établissement bancaire public alors que la défense des principaux protagonistes tentait de donner à l'affaire un caractère politique en arguant d'«instructions» données par des responsables haut-placés. On rappelle, à ce sujet, que le scandale avait éclaté suite à la découverte d'un «trou» de presque dix milliards de dirhams, ce qui avait donné lieu à la constitution d'une commission parlementaire d'enquête dont les conclusions avaient été rendues publiques en 2001 et qui, toutes, pointaient du doigt Zahidi et ses principaux complices les accusant de laisser-aller, de gabegie et de mauvaise gestion pour avoir fermé les yeux, des années durant, sur le non-remboursement d'importants crédits généreusement accordés à de grands magnats de l'immobilier ou en octroyant des prêts en violation des procédures en vigueur dans toute banque qui se respecte. Les autres personnes poursuivies dans cette affaire - au nombre d'une dizaine - ont, quant à elles, été condamnées à trois ans de prison avec sursis. La question qui se pose cependant est : Zahidi et ses deux principaux co-accusés étant en fuite depuis pratiquement le début de l'affaire, comment l'Etat pourra-t-il récupérer toutes ces sommes ainsi perdues même si, par ailleurs, les peines prononcées contre Zahidi & Co en appel ont le mérite de servir de leçon et d'envoyer un message fort à ceux qui seraient encore tentés de se considérer au-dessus de la loi et de gérer les affaires publiques comme on gère sa propre basse-cour ?