Mais comment ont-ils pu en arriver là, devant les magistrats de la chambre criminelle près la Cour d'appel de Tétouan avec une accusation aussi grave, à savoir un meurtre ? se demandent-ils encore alors qu'ils sont dans le box des accusés. Dès qu'ils se sont mariés, ils ont rêvé de vivre ensemble sous le même toit et entourés de bambins. Malheureusement leur cupidité les a perdus. Les voilà tous les deux en train d'échanger les regards alors qu'ils répondent aux questions du président de la Cour. En effet, il semble qu'ils n'ont de choix que d'avouer le crime qu'ils ont commis, la nuit du mardi 22 septembre 2015, quelques jours avant l'Aïd Al Adha, dans la commune rurale Azla, située dans la région Tanger-Tétouan. «C'est moi qui ai raconté l'histoire à ma mère», explique l'épouse -qui arrive mal à tenir ses larmes- à la Cour. C'était la même nuit de leur crime que l'épouse a tout raconté à sa mère. Elle lui a confié qu'elle a aidé son mari à tuer leur voisin, un éleveur d'ovins, quinquagénaire, qui habite seul. Sa mère n'en a pas cru ses oreilles et n'a pas pu garder le secret. Elle l'a révélé à son mari qui n'est pas resté les mains croisées, mais il a accouru au siège de la gendarmerie royale pour les alerter. Mais les enquêteurs étaient déjà sur la scène du crime en train d'effectuer le constat d'usage. Car, ils ont été informés par les voisins qui ont découvert le cadavre de la victime, gisant dans une mare de sang. Il ne restait que quelques jours pour la fête du sacrifice 2015. La victime se rendait chaque jour au souk pour vendre ses moutons. Son voisin a pensé qu'il gardait chez lui les revenus des ventes des moutons, ainsi que l'argent qu'il avait empoché suite à la vente de l'une de ses demeures. C'est pourquoi il a fini par décider de l'agresser et mettre la main sur le butin. Quand il en a parlé à son épouse, elle a accepté de l'aider. «En compagnie de mon épouse, je suis rentré chez l'éleveur et je l'ai surpris par un coup de bâton», avoue l'époux qui ajoute avoir demandé à sa femme de retourner chez elle. L'éleveur a manifesté une résistance farouche avant de céder et finir égorgé comme un mouton par la mise en cause. «J'ai cherché dans les quatre coins de la maison, je n'ai pu trouver qu'une somme de 2.900 DH», précise-t-il devant la Cour qui les a jugés coupables pour meurtre et les a condamnés à 30 ans et 20 ans de réclusion criminelle respectivement contre l'époux et l'épouse.