Il n'a jamais travaillé. C'est du moins ce qui a été signalé dans le procès-verbal de son audition. Mais, lui, il proteste devant le magistrat de la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Casablanca contre ce qui a été souligné par la police judiciaire. «Ils n'ont écrit que ce qui les arrange», dit-il au juge qui feuillette le procès-verbal. Accusé d'avoir arnaqué plusieurs personnes, ce jeune homme de quarante-deux ans, père de deux enfants, a déjà purgé deux peines d'emprisonnement pour le même motif. La première peine remonte à dix-huit ans et lui a coûté deux ans de prison ferme. Quant à la seconde, elle lui a valu un an et demi. «J'ai abandonné l'escroquerie. Je ne supporte plus la prison... De plus, j'ai des enfants qui grandissent», tentant par là de convaincre le juge qu'il a tourné le dos à la criminalité. Mais le Le juge semble ne pas croire pas à ses paroles surtout que les victimes qui se succèdent à la barre pour raconter leurs histoires le pointent du doigt. «Je l'ai rencontré au quartier El Oulfa», commence l'une des victimes son témoignage devant le tribunal. Il l'a croisée dans un hypermarché du quartier pour engager une conversation suivie d'un café. «Il m'a expliqué qu'il entretient des relations avec des personnes bien placées dans les administrations de l'Etat. Il m'a proposé d'embaucher mon fils dans un ministère», ajoute la victime qui lui a remis une somme de 30 mille dirhams. Le mis en cause rejette toutes les accusations arguant qu'il n'a jamais croisé ce père de famille, ni dans un hypermarché, ni dans la rue, ni au café. Mais, les témoignages accablants des victimes se suivaient. L'une d'elles, une jeune fille de vingt-huit ans, affirme avoir versé à l'escroc 20 mille dirhams pour lui faciliter la tâche d'émigrer en Espagne. «Il m'a fait croire qu'il est fonctionnaire dans une administration publique pouvant m'aider à me sauver du chômage», précise-t-elle au tribunal qui lui a accordé tout le temps pour raconter son histoire. D'autres victimes ont révélé que le mis en cause leur a promis de leur faciliter la tâche d'acheter des appartements à des prix raisonnables ou bien de les aider à avoir des contrats de travail dans les pays du Golfe, etc. Mais à chaque fois qu'il empochait les milliers de dirhams, il ne donnait plus signe de vie. Et pourtant, le mis en cause a continué à se disculper. Verdict : 3 ans de prison ferme.