Réagissant aux dernières élections législatives au Maroc, Adnane Debbagh, président de la Fédération des PME-PMI, affiliée à CGEM, se dit fier de la façon dont elles se sont déroulées et favorable à une politique économique qui fait de la mise à niveau et de la régionalisation son cheval de bataille. Aujourd'hui le Maroc : Les dernières élections législatives constituent un tournant dans la vie politique au Maroc. En tant que président de la Fédération PME-PMI, Comment jugez-vous le façon dont elles se sont déroulées? Adnane Debbagh : Les dernières élections sont une source de fierté pour nous. Le Maroc vivait de par le passé un processus qui ne pouvait lui être que dommageable. Et sur tous les niveaux. La façon on ne peut démocratique dont les élections se sont déroulées marque un point de rupture avec des pratiques nuisibles aussi bien à l'économie marocaine qu'à tous les autres secteurs d'activité. Maintenant que la page est tournée, nous pouvons, en tant qu'acteurs de la vie économique du pays, entrevoir une lueur d'espoir et un avenir meilleur. Le gouvernement d'alternance a inauguré un large chantier de développement. Ce qu'il faut désormais, c'est inscrire ce processus dans la durée. Qu'elles sont justement vos revendications au prochain gouvernement ? Il s'agit moins de revendications que de souhaits dont nous espérons la réalisation. Notre vœu le plus cher est que le processus de réforme, entamé par le gouvernement Youssoufi suite à l'accord de libre-échange que le Maroc à conclu avec l'Union européenne, soit mené à terme. Cet accord prévoit une série de réglages institutionnels et politiques mais aussi la mise à niveau de l'économie marocaine avec celle de l'U.E. Un développement économique durable passe fatalement par ces réformes. Les dossiers prioritaires restent l'adoption du code de travail, l'élargissement de l'espace des libertés, à commencer par l'audiovisuel et des mesures fiscales spécifiques avec un système bancaire plus «rationalisé», et surtout plus ouvert. S'agissant des PME-PMI, quelles sont vos attentes ? La PME constitue le principal pourvoyeur d'emplois au Maroc. Plus de 90% du tissu économique est composé de PME. Elles occupent plus de 50% des salariés du secteur privé, leur part dans les exportations est importante et elles réalisent plus de la moitié des investissements privés nationaux. Au-delà de cet aspect, qui fait de la PME une pièce maîtresse dans l'économie nationale, nous aspirons à être le principal créateur de richesses. C'est une condition sine qua non au développement d'une classe moyenne majoritaire au Maroc, et par conséquent une garantie de stabilité de la démocratie. Créer des richesses doit impérativement être accompagné d'une véritable politique de régionalisation. Il serait grand temps qu'il y ait un décloisonnement de l'espace économique au Maroc et que l'axe Kénitra-El Jadida ne soit plus là où tous les projets de développement ont lieu. Le développement de la PME passe inévitablement par une politique d'encouragement à l'investissement. Quelles sont pour vous les mesures à prendre dans ce sens? Avec la CGEM, nous avons mis sur le tapis une série de demandes. Parmi lesquelles la politique de contrats programmes qu'il faut poursuivre. Nous avons bien vu l'apport de cette démarche sur les secteurs qui en ont bénéficié comme le textile, le tourisme et les nouvelles technologies. Nous souhaitons que cette politique puisse s'élargir et englober les PME-PMI opérant dans des secteurs où le Maroc dispose d'atouts à faire valoir. La politique financière doit aussi favoriser la création et développement du plus grand nombre de structures. Cela passe par l'allégement des pressions fiscales et sociales, la baisse des taux, la levée des contraintes des marchés, la simplification d'accès au foncier et le remaniement des instruments de financement. Quelle est la place que doit occuper la PME-PMI dans le débat Politique? La place qu'elle a toujours occupée. C'est-à-dire, celle du partenariat et de l'engagement pour un Maroc démocratique, libre et moderne. La voie est d'ores et déjà tracée sur le plan politique. Ce qu'il faut, c'est que les mesures économiques à prendre puissent suivre. La PME est un chantier aussi large que déterminant. Notre souhait est que cette donne plaide en faveur des petites et moyennes structures. L'avenir du Maroc se joue aussi à ce niveau.