L'émission à grande audience « Tahqiq » consacre son dossier de ce soir, sur 2M, à l'erreur médicale. L'équipe du discret et néanmoins talentueux Mohamed Khatem relate les cas de citoyens victimes d'accidents médicaux. L'erreur médicale. Le sujet relève du tabou. L'évoquer, c'est s'exposer à plus d'une résistance et à une absence aussi totale que voulue d'information. Pourtant, les victimes sont nombreuses. La souffrance des parents et des proches est bien réelle. Souvent, elle est condamnée au silence, moyennant, dans les meilleurs des cas, des indemnisations qui sont loin de compenser le dommage subi. Le sujet est sensible, mais son traitement, journalistiquement s'entend, n'en est pas moins alléchant. Que l'équipe de choc de l'émission d'investigation Tahqiq s'y intéresse, n'est pas étonnant. C'est désormais chose faite. Mohamed Khatem, le journaliste de la deuxième chaîne dont la discrétion n'a d'égal que la compétence, revient à la charge ce mois d'octobre avec un nouveau dossier consacré à la problématique de l'erreur médicale au Maroc. La tâche n'est pas une sinécure. « Nous avons d'emblée été confortés au manque d'informations sur le sujet. Un manque lié aussi bien à la nature du sujet, puisqu'on ne peut pas déterminer si l'erreur en est bien une ou pas, qu'à la résistance qui nous a été opposée par les concernés », déclare Khatem. Les concernés, ne sont autres que les médecins eux-mêmes. D'où le recours de l'équipe Tahqiq à l'Ordre des médecins. Les réponses, bien que généralistes, n'en ont pas moins éclairé le journaliste sur plus d'un point. A commencer par les raisons mêmes de ces erreurs. « Aucun chiffre nous ne nous a été communiqué. Nous avons néanmoins réussi à cerner les véritables causes qui induisent aux accidents médicaux », précise le journaliste. Si l'incompétence ou la négligence de certains médecins a été prouvée, le manque en équipements et d'infrastructure médicale de base participe également à entraîner davantage de victimes. A cela s'ajoute le coût, pour le moins inaccessible aux masses, que représente un traitement au sein du privé. Les facteurs sont aussi multiples que liés les uns aux autres, même si chaque cas a ses propres spécificités. Mais là où les témoignages sont les plus poignants, c'est auprès des victimes que Mohamed Khatem&Co les ont recueillis. La question qui se pose d'elle-même a trait aux mesures entreprises contre le médecin ayant commis l'erreur et les réparations auxquels les proches de la victime ont droit. D'après les recherches de l'équipe Tahqiq, deux cas de figure sont possibles. Il existe d'une part la possibilité de porter plainte devant l'Ordre des médecins. Cette procédure est efficace quand il y a un comportement particulièrement choquant du médecin ou une erreur manifeste de prescription. Le praticien est alors jugé par ses pairs et risque une suspension, voire une radiation. Mais cette procédure reste encore peu transparente pour les victimes qui doivent se contenter d'attendre le résultat. Le recours à la justice est également possible quand il s'agit d'une imprudence grave du médecin ou de l'hôpital et que cette dernière a eu des conséquences particulièrement dramatiques (décès ou handicap définitif). Et c'est au juge de décider de la sanction qui peut aller jusqu'à l'emprisonnement. Interdite de tournage dans plusieurs hôpitaux et cliniques, confrontée au manque de courage de certains, l'équipe Tahqiq aura au moins eu le mérite de poser les bonnes questions, commentaires et témoignages pertinents à la clé.