Entretien. Abdelhamid Mimouni, Directeur marketing de Roca et ex-Président de l'Union des Annonceurs du Maroc, estime que les discours des partis politiques en lice brillent par l'absence de programmes économiques. Selon lui, la relance des investissements dépend de la révision de la fiscalité. ALM : Quelles sont vos attentes par rapport au prochain gouvernement ? Abdelhamid Mimouni : D'abord, un cadre législatif plus clair et plus transparent. En disant cela, je ne fais pas référence aux textes de loi mais plutôt à leur application qui fait défaut. D'où la nécessité d'élaborer des lois pratiques et faciles à mettre en œuvre. En parlant de textes, je pense avant tout au code du travail qui n'arrive toujours pas à voir le jour depuis plusieurs années. Celui-ci permettra aux opérateurs économiques et aux partenaires sociaux d'avoir plus de visibilité. Le cadre fiscal est appelé aussi à connaître une véritable réforme. La fiscalité actuelle handicape aussi bien l'investissement national qu'étranger. A mon avis, la révision de la fiscalité est une condition sine quo non pour encourager les investisseurs. A ce propos, je tiens à dire que d'autres pays offrent plusieurs avantages aux opérateurs économiques, notamment en matière de fiscalité. Aujourd'hui, les conditions ne favorisent pas les investissements. Réforme fiscale, code du travail…, plusieurs chantiers attendent le futur gouvernement. Pensez-vous qu'il est facile d'entamer des réformes de cette ampleur en l'absence d'une majorité cohérente au sein l'Exécutif ? Je ne veux pas entrer dans ces considérations. En parlant de ces réformes, je ne me fais pas d'illusion. De telles réformes ne se feront pas du jour au lendemain. Force est de constater que les partis politiques n'ont pas renouvelé leurs élites et leurs structures. Ce sont les mêmes têtes qui reviennent ! Résultat : les discours des partis politiques en lice portent beaucoup plus sur les problèmes déjà connus par tous. Ils ne proposent pas des solutions concrètes pour les résoudre. Faites-vous allusion à l'absence des programmes économiques chez les formations politiques… Bien évidemment. Comme je l'ai dit auparavant, les différents partis se contentent d'énumérer les difficultés du pays sans pour autant élaborer des programmes économiques chiffrés. Les programmes n'apparaissent nulle part dans les discours des partis. Chaque formation dit qu'elle est la meilleure sans dire pourquoi. Du moins si l'on en juge par les déclarations de plusieurs d'entre elles sur les deux chaînes de télévision nationales. Quelle appréciation faites-vous du bilan économique du gouvernement Youssoufi ? Un bilan mitigé. Il faut dire que les attentes ont été énormes. Ce gouvernement a pu accomplir certaines réformes. Toutefois, nous n'avons pas constaté un changement qualitatif dans la gestion de plusieurs dossiers de la part de l'équipe Youssoufi. Je fais allusion ici à la gestion notamment des recettes des privatisations, à celle de la sécheresse, de l'éducation, de la santé…