Le SAP compte lancer un appel d'offres pour introduire un système électronique de mesure d'audience. Une initiative timide. Le projet tel qu'il a été conçu par un groupe de travail est renvoyé aux calendes grecques. Au moment où la réforme de l'audiovisuel est dans le pipe, comment imaginez un paysage médiatique sans mesure d'audience ? La question est d'actualité. Un système plus performant qui mesure l'audience quotidiennement permettra aussi bien aux chaînes de télévision et aux annonceurs d'avoir une meilleure visibilité. Les chaînes pourront mieux évaluer leur programmation. Si le SAP (Service Autonome de Publicité), régie publicitaire de la TVM entend lancer au cours de ce trimestre un appel relatif à l'introduction d'un système électronique de mesure d'audience, cette initiative individuelle n'est pas en mesure de relancer ce projet, soutiennent plusieurs professionnels. Ce n'est pas la première fois que cet établissement public entreprend ce type de démarche. L'année dernière, le régisseur de la première chaîne a affiché sa volonté de lancer cet appel d'offres relatif à l'audimat, qui d'ailleurs n'a pas abouti. Mustapha Alaoui, directeur général du SAP, justifie cette démarche du fait que sa structure est tenue par les règles de la comptabilité publique. D'où selon lui, la nécessité de rendre public en début d'année, les appels d'offres que son département compte lancer. Il reste que l'idée d'un système d'audience performant au niveau des chaînes de télévision remonte à longtemps (le seul outil qui existe pour le moment est celui du cabinet Créargie). Le GAM (Groupement des Annonceurs du Maroc) en a fait une de ses premières priorités. Et ce depuis des années. Le projet semble aujourd'hui au point mort même si les différents acteurs concernés avancent que celui-ci est bien ficelé sur le papier. C'est le financement qui fait aujourd'hui défaut. En d'autres termes, en dépit de toute la bonne volonté du monde, affichée aussi bien par les annonceurs, les télévisions nationales, que les publicitaires et les régies, le lancement du système de l'audimat dépend avant tout de la répartition du financement. En France, ce sont les chaînes qui assurent la grande partie, soit plus de 50%. A un certain moment, la TVM et 2M avaient laissé entendre qu'elles ont été prêtes pour financer 70% des prestations annuelles de cet outil de mesure d'audience. Des annonces qui ne se sont pas traduites par des actes concrets. Un tel engagement dépend de l'approbation du ministère de la Communication (le ministre occupe le poste de Président du conseil d'administration des deux chaînes). Notons que les principales entreprises mondiales d'audimétrie ont manifesté leur intérêt pour participer à la mise en place de l'audimat au Maroc. Un rapport remis par un groupe de travail constitué a cet effet, a été remis dans ce sens au ministère de tutelle dont la réaction se fait toujours attendre. «Du moment où le ministère de la communication n'a pas encore entrepris de constituer un organe officiel avec des statuts pour initier la démarche, on ne peut s'attendre au lancement du projet de l'audimat », soutient Abdelhamid Mimouni, président du GAM.