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Déséquilibre et dépenses sur toute la ligne
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 03 - 11 - 2004

Docteur en anthropologie et sociologie du politique, radiologue et écrivain, Chakib Guessous sous sa casquette de socio-anthropologue, analyse les différents aspects du comportement humain durant le mois sacré.
ALM : Comment expliquer la baisse manifeste de l'activité, sur tous les plans, au mois de Ramadan ?
Chakib Guessous : Effectivement, c'est un constat avéré. Je vous parlerais du cas du Maroc car c'est celui que je connais le mieux. Il faudra retenir qu'il y a des modifications sur tous les points de vue. À commencer par le rythme alimentaire qui est d'habitude composé de trois repas par jour, étalés sur une période, celle que nous traversons actuellement, d'environ 12 heures.
D'habitude, après le repas, on marche pour rejoindre son boulot. On prend un petit-déjeuner léger. À midi, on mange et l'on a la possibilité de prendre du café ou du thé, les gens ont le temps de faire une petite sieste avant de reprendre le travail et la digestion, à ce moment, est déjà entamée. Le soir, ma foi, le repas n'est très gras. Ceci pour dire que l'alimentation, en dehors du mois de Ramadan, est plus ou moins équilibrée. Au mois de Ramadan, c'est une tout autre histoire. Après une journée d'abstinence, les gens sont comme des affamés, ce qui est légitime d'ailleurs. Du coup, la table est, en définitive, trop pleine d'aliments aussi riches les uns que les autres. La « harira », qui est l'aliment constitutif du « f'tour », est connue pour sa dégradation lente, la « chabbakia » et les dates ont une assimilation rapide. Après le repas, on ne va pas travailler et juste après, on passe à table pour le dîner avant même d'avoir digéré ce qui a précédé. Nous avons ainsi une alimentation étalée sur 4h au lieu de 12h, sachant que l'on ingurgite beaucoup plus d'aliments dans cette tranche réduite qu'en temps normal.
Tout cela a, bien entendu, des répercussions sur l'organisme. Le lendemain, évidemment, on n'est pas dans son assiette et ça se comprend.
Le second point à retenir est un manque flagrant de sommeil. Durant la journée, on est au travail. Certains ont l'opportunité de faire un petit somme avant le Moghreb, mais ils sont rares car il faut aller faire ses emplettes. Les femmes, notamment, sont dans la cuisine à cette heure-là et, alors, elles n'ont pas la possibilité de rattraper le sommeil perdu.
Le soir, après la rupture du jeûne, comme le Ramadan est un mois de rencontre, il n'y a pas de répit car il est question de reprendre contact avec les gens, une démarche à inscrire dans le volet religieux.
Ainsi, les gens ne dorment pas, commencent tôt et finissent tard, principalement chez certaines classes sociales dont l'ensemble des tâches lui concède à peine 4 ou 5h de sommeil dans le meilleur des cas. Du coup, l'on est incapable de travailler, de se concentrer. Les gens ont du mal à réfléchir, à être précis.
Comment peut-on expliquer la baisse de la criminalité en ce mois sacré ?
On pourrait dire que le manque de sommeil, conjugué aux troubles alimentaires, générant une mauvaise digestion et, donc, des troubles intestinaux, la personne ne peut être que de mauvaise humeur. Imaginez que cela soit accompagné de diarrhée, de ballonnement, etc., les gens ne sont pas dans leur assiette ; on devient agressif, irritable, pour un rien on en vient aux mains. Le mois de Ramadan, tout le monde rentre chez lui à la même heure. Les gens peuvent se disputer pour prendre un taxi ou monter dans le bus, les embouteillages amènent les automobilistes à ne plus faire dans la dentelle. L'alimentation et le sommeil, en plus du stress y sont pour quelque chose.
Concernant la criminalité, je n'ai pas de chiffres ou de statistiques prouvant que baisse il y a. Les viols, peut-être, diminueraient pendant la journée mais, personnellement, je ne pense pas que la criminalité baisse. C'est un mois de dépense et les gens qui ont de mauvaises intentions n'hésiteront pas à toucher aux bourses d'autrui.
L'on a l'impression que le nombre des fidèles augmente au mois de Ramadan. Est-ce une simple impression ?
Certes, il y a des gens qui débutent la prière au mois de Ramadan, mais, en réalité, c'est la fréquentation de la mosquée qui augmente. Les jours hors Ramadan, l'on ne peut tenir ce rythme et se permettre de quitter son travail pour rejoindre la mosquée. Il faut aussi souligner que le mois sacré est un mois de spiritualité où la prière en groupe est beaucoup plus privilégiée.
En revanche, la prostitution grimpe en flèche lors du Ramadan. Comment pouvez-vous expliquer cela ?
Certes, il y a une augmentation manifeste de la prostitution. Parmi les raisons de cette situation, on revient à l'hyper-consommation et les dépenses importantes que suscite ce mois sacré. Sachant que vers la fin des années 90, une personne sur 5 vivait sous le seuil de la pauvreté et que, entre 45 et 47% de la population est vulnérable ; une période de sécheresse peut faire basculer cette frange vulnérable sous le seuil de la pauvreté.
La prostitution est répartie en deux types distincts. Il y a des gens qui se prostituent toute l'année et qui en font une profession. Il y l'autre type de prostitution, occasionnelle celle-ci et qui permet à une personne, qui dispose déjà d'un travail, de passer du bon moment avec un petit cachet à la clé le lendemain. Ceci du côté de l'offre. Du côté de la demande, on pourrait établir que l'abstinence est mal acceptée. On se retient durant toute une journée et, après, on se dit que tout est permis. Ça se passe ainsi dans la tête et, de plus, l'alimentation est riche et augmente les capacités du corps. (…).


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