Après un tribut conséquent payé en 2004, le PIB du Maroc pourrait perdre 1,2 point de croissance en 2005. Une estimation du ministère des Finances basée, en grande partie, sur des cours de brent qui augmentent de jour en jour. La facture énergétique pour 2004 aura été lourde. D'après le ministre de l'Energie, qui répondait la semaine dernière à une question orale au Parlement, plus de 5,1 milliards de dirhams auront été nécessaires cette année pour la subvention des produits pétroliers. Pour geler les prix à la pompe, 790 millions de dirhams sont nécessaires chaque mois, dont 430 millions dédiés au pétrole et 360 millions au gaz butane. C'est dire que les dépenses ont été le point d'orgue de la loi de Finances 2005. D'ailleurs, dans la note de présentation de celle-ci, une grande partie a été réservée aux conséquences de la flambée des cours sur l'économie nationale. L'impact de la débauche énergétique sur les finances publiques en 2005 dépendrait, y lit-on, du niveau d'intervention du budget de l'Etat dans la compensation des prix des produits pétroliers. Compte tenu de la situation actuelle, marquée toujours par une tendance indécise des cours, les analystes ne se hasardent pas trop dans les spéculations. Une chose est sûre, la hausse des prix des matières premières ne serait pas sans conséquences sur les grands équilibres macro-économiques du pays. D'après la dernière livraison d'Energie & Strantégie, revue trimestrielle de la Fédération de l'énergie, au-delà de 32 dollars le baril, chaque dollar de plus coûte à l'Etat marocain 30 millions de dirhams. A plus de 50 dollars à la fin octobre, le compte est facile à établir. D'autant que ces estimations n'englobent pas certains produits comme le charbon, produit représentant 31% dans la consommation nationale des produits énergétiques. Le prix de la tonne de charbon est ainsi passé de 35 à 84 dollars à la fin août, ce qui, d'après la Fédération nationale de l'énergie, représente un surcoût de plus d'un milliard de dirhams. Ces variations spectaculaires ne seront pas sans effets sur la croissance du Maroc. Partant de l'hypothèse d'un accroissement des cours pétroliers et des matières premières hors énergie de respectivement 50 et 7% en 2004, les experts du ministère des Finances concluent à un ralentissement de la croissance européenne de 0,4 point. Ce qui se traduirait par une baisse de la demande mondiale adressée au Maroc. Aussi, par rapport à cette hypothèse, le PIB réel du Maroc pourrait perdre 0,8 point de croissance en 2004 et 1,2% en 2005. Pour le ministère des Finances, ce ralentissement trouverait son origine dans le repli de la consommation des ménages en volume (1% en 2005) mais aussi dans le recul de 0,2% de l'investissement et de la baisse de l'activité de certains secteurs économiques, notamment l'agriculture, les mines et les transports. Conséquences, un repli des exportations marocaines qui se situerait à un niveau plus faible que celui des importations et, au final, un repli de l'activité économique rendant nécessaire un ajustement des effectifs. En langage clair, il s'agit de perte d'emplois. Première visée : les activités industrielles. Ainsi, l'emploi manufacturier perdrait de 0,7 à 1,1% de ses effectifs entre 2004 et 2005. Une situation qui pourrait être atténuée par le plan d'urgence du ministère de l'Energie et des Mines, consistant en l'organisation de l'approvisionnement en produits pétroliers. L'objectif est de sécuriser le consommateur, tout en le mettant en phase avec le programme de démantèlement douanier effectif prévu courant 2006-2007. D'ici là, beaucoup de pétrole coulera dans les pompes.