L'administration Bush est de plus en plus critiquée pour sa gestion du dossier irakien. Une majorité de pays s'oppose à une action américaine hors ONU, alors qu'à Washington des sons de cloche divergents ne cessent de retentir. Le vice-premier ministre irakien, Tarek Aziz a déclaré lundi qu'un retour des inspecteurs de l'ONU chargés de vérifier l'état de l'arsenal irakien était envisageable. «C'est encore envisageable», a-t-il déclaré à l'agence Reuters qui lui demandait si l'Irak était prêt à laisser revenir les inspecteurs. Versant dans le même sens, l'Iran a appelé lundi les autorités irakiennes à accepter rapidement le retour des inspecteurs en désarmement afin d'écarter «les risques de guerre» dans la région. Le porte-parole du ministère des affaires étrangères, qui a formulé cette demande, a en même temps, affirmé que «toute solution politique» en Irak doit «être décidée par le peuple irakien et sans ingérence étrangère». Sur un autre plan, un haut responsable saoudien a affirmé lundi qu'aucune visite officielle d'un prince saoudien n'est prévue en Irak, après l'annonce par Bagdad d'une visite d'un membre de la famille royale. «Si un membre de la famille royale saoudienne se rend à Bagdad, il ne le fera pas à titre officiel», a déclaré à la presse le responsable saoudien sous couvert de l'anonymat. Dimanche, le ministre irakien de l'information a annoncé une visite lundi à Bagdad d'un membre de la famille royale saoudienne, dont il n'a pas divulgué l'identité. «Un prince saoudien de la famille royale arrivera à l'aéroport international de Saddam à bord d'un avion de la compagnie Gulf Falcon, basée aux Emirats arabes unis, pour une visite en Irak», a annoncé dans un communiqué le centre de presse relevant du ministère de l'information. L'Irak et l'Arabie saoudite, dont les relations diplomatiques sont rompues depuis 1991, ont lancé un processus de normalisation lors du sommet de la Ligue arabe tenu en mars à Beyrouth. Le vice-président Taha Yassine Ramadan a affirmé, dans un entretien, que son pays était prêt à rétablir des relations diplomatiques avec l'Arabie saoudite, dont il a loué l'opposition à une éventuelle offensive américaine en Irak. À cet égard, on estime que les Etats-Unis pourraient intervenir militairement contre Bagdad au début de l'année prochaine. Le dirigeant kurde irakien Jalal Talabani a indiqué que les Etats-Unis «sont de plus en plus enclins » à frapper l'Irak pour renverser le régime en place et qu'une telle opération pourrait avoir lieu dans les premiers mois de 2003. M.Talabani a affirmé qu'il n'y a actuellement pas de présence militaire américaine dans le Nord de l'Irak qui échappe à Bagdad depuis la fin de la guerre du Golfe en 1991. «Il n'y a pas un seul militaire américain dans le nord de l'Irak. Il y en avait dans le passé mais maintenant il n'y en a plus», a-t-il dit. Il a cependant souligné que dans l'«avenir» des conseillers américains pourraient revenir dans la région, sans autre précision. La Turquie, où séjourne le leader kurde, est réticente à une intervention militaire américaine, craignant qu'elle n'aggrave la crise économique qui touche le pays et ne provoque la création d'un Etat kurde indépendant dans le Nord de l'Irak frontalier, ce qui pourrait réveiller les aspirations séparatistes de ses propres Kurdes. Par ailleurs, l'administration Bush a été l'objet de vives critiques de l'ensemble du spectre politique américain sur la gestion du dossier irakien, au moment où ses plus hauts responsables ont tenu des positions opposées sur une éventuelle attaque américaine contre Bagdad.