Retour aux affaires pour Bush après un mois de vacances, alors que Saddam Hussein accuse Washington de vouloir contrôler le brut du Proche-Orient. La rencontre, hier à Johannesburg, entre le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, et le vice-Premier ministre irakien, Tarek Aziz, s'inscrit dans un dialogue continu «en vue d'un accord sur un retour des inspecteurs» de désarmement en Irak, a indiqué un porte-parole des Nations Unies. Il a précisé que cette initiative « pourrait conduire à une solution globale incluant la levée de l'embargo». De son côté, Tarek Aziz, qui dirige la délégation de son pays au Sommet de la terre, a réaffirmé à la presse que l'Irak restait «prêt à coopérer avec l'ONU» dans le cadre d'un règlement global «qui traiterait de toutes les questions de manière équitable et raisonnable». Dans cette même prise de position, il a réaffirmé que l'Irak prenait «la menace américaine très au sérieux. Nous nous préparons à défendre notre pays». Le président Saddam Hussein a accusé Washington de vouloir «contrôler» le pétrole du Proche-Orient, qui renferme les plus grandes réserves de brut du monde, a rapporté l'agence officielle INA. «Les Etats-Unis croient que s‘ils parviennent à contrôler le brut du Proche-Orient, ils seront capables de contrôler le monde entier. Ils pensent qu'en détruisant l'Irak, ils contrôleront le pétrole du Proche-Orient (…) qui représente 65 % des réserves mondiales», a-t-il ajouté. Après un mois de vacances dans son ranch au Texas, le président américain, George W. Bush, a retrouvé la Maison-Blanche et un agenda chargé, avec notamment ce dossier irakien. En dépit de l'opposition des principaux alliés des Etats-Unis et du monde musulman à une action musclée unilatérale américaine pour renverser Saddam Hussein, Bush entend continuer à réclamer un changement de régime, selon son entourage. À Johannesburg, Jacques Chirac et Nelson Mandela ont lancé une mise en garde au Etats-Unis contre toute frappe contre Bagdad, hors du cadre des Nations unies. L'ancien président sud-africain s'est dit «écœuré» par l'attitude de Washington. «Ce qu'il mette en place, c'est le chaos dans les affaires internationales et nous condamnons cela dans les termes les plus vifs»,a-t-il souligné. «Je respecte le président Bush, c'est quelqu'un d'ouvert, mais je pense que ses conseillers ont une influence très négative sur lui», a-t-il, il, avant d'ajouter : «Je suis heureux de constater que le président Chirac est d'accord avec moi». La Russie, elle aussi, est opposée à une solution militaire qui «non seulement compliquerait le problème irakien», mais déstabiliserait la situation dans tout le Proche-Orient, a indiqué le chef de la diplomatie russe, Igor Ivanov. Interrogé sur la réaction de Moscou dans le cas où e conseil de Sécurité serait appelé à donner son feu vert à des frappes contre l'Irak, M. Ivanov a répondu espérer qu'un véto russe «ne serait pas nécessaire". «Nous pensons que la situation en Irak peut être réglée uniquement par des moyens diplomatiques. Nous étudions les déclarations de Washington sur le caractère inévitable d'une solution militaire. Il n'y a pas un seul argument bien fondé qui prouve que l'Irak menace la sécurité nationale des Etats-Unis, a poursuivi le chef de la diplomatie russe. «Les déclarations américaines sont de nature politique, a-t-il accusé. À Bagdad, on pousse le sentiment de persécution ressenti jusqu'à prédire qu'Israël pourrait perpétrer une action terroriste sur le sol américain pour amener les Etats-Unis à lancer une attaque militaire d'envergure contre l'Irak. «L'administration américaine, ayant échoué à trouver le moindre lien entre l'Irak et les événements du 11 septembre (‘…), l'entité sioniste pourrait recourir à une action terroriste aux Etats-Unis », écrit le quotidien Babel.