Interview. Pour ceux qui n'ont pas de nouvelles de Fakhreddine Rajhi, l'ex-joueur et entraîneur du WAC, il se porte bien. Après son limogeage, en fin de saison dernière, Friekh a pris un repos biologique. De retour, il a reçu plusieurs offres. Mais il n'est pas encore prêt pour prendre les commandes d'une équipe. ALM : Que devient Fakhreddine Rajhi? Fakhreddine Rajhi : Après la fin de saison, j'avais besoin d'un peu de recul pour oublier tout ce qui m'est arrivé. De retour des vacances, j'ai reçu plusieurs offres de clubs aussi bien de première que de deuxième divisions. J'étais sollicité notamment par le SCCM et la Jeunesse Sportive de Massira, mais j'ai rejeté l'offre pour des raisons de santé. J'étais également contacté par le club de Rachad Bernoussi que je remercie beaucoup. Mais là aussi, j'ai refusé la proposition pour les mêmes raisons. Pour l'instant, je suis toujours à l'école du Wydad de Casablanca. Est-ce que votre limogeage du WAC, en fin de saison, a laissé des traces ? D'abord, je veux remercier tous ceux qui m'ont soutenu durant toute cette pénible épreuve : presse, public, le vrai, celui qui porte un amour fou aux couleurs du club et fait tout pour que ce dernier retrouve ses lustres. Ce que j'ai vécu au WAC restera gravé dans ma mémoire. Je ne me suis pas encore guéri du mal, mais cela n'empêche que c'était une grande expérience pour moi. Je ne reproche rien au club. Tôt ou tard, la vérité finira par apparaître. Les noms passent et le WAC reste. Ceux qui croient que le WAC leur appartient ont tort. Aujourd'hui, et après tout ce qui est arrivé, est-ce que vous avez l'impression qu'on vous a oublié ? Cette expérience, je l'ai déjà vécue en tant que joueur. Dieu merci, je garde encore de bonnes relations. À chaque fois que je rencontre de vrais wydadis, ils me remercient pour tout ce que j'ai fait pour le WAC. Et cela me touche énormément. Rencontrer des gens reconnaissants en dit long sur ce que je suis et ce que je vaux. Comme je disais, tout ce qu'il y a, c'est que je ne suis pas encore prêt pour prendre en main un club. Vous qui avez toujours déclaré que vous étiez aux services du WAC, est-ce que vous l'êtes toujours ? Pour prendre l'équipe première, je dirai non. Peut-être dans dix ans ou quinze ans, voire plus. Mais pas maintenant, ni les trois années à venir. Car d'ici là, les mentalités auront changé. Je me contente aujourd'hui de la formation des jeunes. C'est là où je me retrouve et c'est là aussi où je retrouve mon équilibre et ma santé. Comment voyez-vous le Wydad version 2002-2003 ? J'espère que le WAC ne va pas rester comme ça. Il y a tellement de querelles, de faux problèmes, de conflits d'intérêts que le club n'arrive pas à retrouver sa gloire. Depuis 1996, et le dernier titre acquis par le WAC, le club est plongé dans une crise sans précédent. Le WAC n'est plus une seule famille. La désunion a pris la place de l'union. On dirait qu'il y a dix Wydads en un seul Wydad. Sinon comment expliquer la multiplication, ces derniers temps, des associations de supporteurs ? Chacun veut s'accaparer le club à lui seul. Alors qu'il doit y avoir un seul public, une seule cause et un seul objectif: la victoire. Je me rappelle, à notre époque, qu'il n'y avait pas un public pour Daoudi ou un autre pour N'daw. Il y avait un public pour le Wydad. L'heure est venue pour sortir le club de cette crise. Il faut que tous les acteurs (bureau, joueurs, ex-joueurs…) se réunissent autour de la même table pour discuter des problèmes du club et trouver une issue à cette impasse. Idem pour le public. Il doit y avoir un seul public.