Après 14 ans de mariage, Abdelkrim ne pensait jamais découvrir que sa femme, mère de quatre enfants, le trahirait. Et avec son propre frère. Mais le voilà qui les découvre tous deux nus sur son lit dans la chambre à coucher. Abdelkrim rentre tôt chez lui en cette journée printanière de 2002. Il ouvre la porte et entre avec une grande précaution. Comme s'il tente de ne pas attirer l'attention ou de surprendre quelqu'un. Agé de quarante-six ans, il travaille dans un hôtel de la place. Timide, serviable, tous ses collègues l'apprécient et l'estiment. Seulement ils ont remarqué sa récente perturbation, sa paresse et son absence de temps en temps. Il n'était jamais ainsi. Un de ses collègues intimes l'apostrophe un jour. Abdelkrim ne lui répond pas, se contentant de le dévisager comme s'il cherchait quelque chose d'étrange dans ses yeux. « En tout cas si tu as besoin d'un soutien ou de quelque chose, je suis, comme toujours, à ta disposition » lui dit-il. Abdelkrim ne lui répond toujours pas, il garde le silence comme un sage. Abdelkrim ne veut dévoiler à personne le secret qui lui dévore le cœur. Certes, s'il en parlait il pourrait relativement se calmer ou au moins donner une occasion à son ami pour le soutenir, le conseiller ou lui proposer une solution convenable. C'est ce qu'il pense maintenant, il pense comment réagir raisonnablement et sans arriver à l'irréparable. Quand il entre chez lui, il est sûr qu'il la trouvera entre les bras de son amant. Car une de ses voisines lui a téléphoné, il y'a quelques minutes, pour lui annoncer la mauvaise nouvelle. « Il est chez elle…Mais il ne faut pas réagir à aveuglément…Il faut penser à ce que tu dois faire avec une grande précaution sans commettre de folie… » lui conseille-t-elle avant de raccrocher. Une fois dans la chambre à coucher, il n'a pas cru ses yeux, il n'imaginait jamais se trouver devant une situation pareille. Il reste planté sur place pendant quelques secondes comme une statue. Il ne sait pas quoi faire, ni quoi dire. Les deux êtres qui sont devant lui tirent le drap pour voiler leurs corps nus, tremblant de peur. « Ma femme et mon frère sur mon lit ? », s'interroge-t-il avec stupéfaction. Mais Abdelkrim était un homme des circonstances critiques. Il fait un tour, se rend vers la porte de la maison, la verrouille avant de sortir. « Pourquoi ma femme me trahit-elle ? Pourquoi mon frère se laisse-il entraîner dans cette situation? Pourquoi…Pourquoi… ? », se demande-t-il alors qu'il ne sait plus où aller, où se réfugier. Un tas de questions lui martèlent la tête. Mais toujours sans réponse. Sa relation avec Jmiâ remonte à 1987 quand elle avait vingt ans. Une relation qui s'est développée en un clin d'œil les réunir, une année plus tard, sous un même toit. Abdelkrim a consacré toute sa vie à son boulot et à son foyer. Tout le monde en témoigne. Il ne fume pas et ne boit pas. Quand Jmiâ a accouché de leur fille aînée, Samira, il était très content, très joyeux. Mais il n'a jamais pensé que ce moment constituerait le début de sa trahison. En effet, depuis que Samira a vu le jour, Ahmed, frère d'Abdelkrim, commence à lui rendre visite presque quotidiennement. « J'aime vraiment ma nièce au point que je ne peux pas passer un jour sans la voir… », dit Ahmed à son frère et à sa belle-sœur. D'un jour à l'autre, Ahmed, dix-neuf ans, devient comme un habitué de la maison. Une fréquentation qui a encouragé Jmiâ à s'habituer à sa présence. Quand il arrive, elle lui prépare du thé et des gâteaux et le laisse avec sa fillette, soit au salon, soit dans la chambre à coucher. Samira a deux mois et Ahmed ne manque pas une journée pour lui rendre visite. Sa belle-sœur se familiarise avec lui au point qu'elle s'assoit avec lui dans la chambre à coucher avec seulement une chemise de nuit. Le provoque-t-elle ? Il ne sait rien. Mais il commence à l'adorer, à la désirer. Il s'approche d'elle chaque fois que l'occasion le lui permet. Elle ne manifeste aucun refus. Mais ce qui devait arriver arriva un jour de 1990. Ahmed ne sait quel démon l'a encouragé a tirer entre ses bras. Elle le laisse faire sans la moindre hésitation. Quand ils ont fini, ils n'ont rien regretté. Mais ils ont convenu de passer de temps en temps des moments pareils. Les jours, les mois et les années passent. Abdelkrim ne se rend compte de rien et ne doute de rien. Il est arrivé à avoir quatre enfants avec elle. L'aînée, Samira, est à son douzième printemps. Et Abdelkrim ne remarque aucun changement dans son foyer. Mais la voisine, Hnia, lui a mis la puce à l'oreille. « Ta femme te trahit avec ton frère, je ne veux rien te cacher tu es comme mon fils… », lui confie cette quinquagénaire qui croyait faire son devoir. Il n'a pas cru ce qu'entendent ses oreilles au départ. Mais une autre femme le lui a confirmé. « Tu es le seul à ignorer cette relation qui unit ton frère à ta femme », lui précise-t-elle. Abdelkrim s'est attablé dans un café. Mais il n'a pas demandé de consommation. Car il a décidé d'aller alerter la police. Des éléments de la police l'ont accompagné jusqu'à la maison. Abdelkrim ouvre la porte et la police arrête Jmiâ et Ahmed en flagrant délit. La chambre correctionnelle les a condamnés à deux ans de prison ferme chacun. Abdelkrim continue à veiller sur les quatre enfants dont sa femme avait accouché sans se demander s'ils sont vraiment ses propres enfants ou ceux de son frère. Sage décision. En tout cas, mieux que de commettre un crime passionnel!!….