Le Conseil d'administration de la Samir, réuni aujourd'hui, doit statuer sur une éventuelle délocalisation du site de Mohammedia. Les arguments économiques et sociaux plaident en faveur du maintien de l'activité raffinage. Journée décisive pour le raffineur national Samir. Son Conseil d'administration, réuni aujourd'hui 9 octobre, doit trancher au sujet de la demande gouvernementale de « procéder à la délocalisation » de la raffinerie. « Une réunion entre des membres du gouvernement et les responsables de la société Samir a eu lieu à Rabat au cours de laquelle il a été demandé aux responsables de la société de mettre en œuvre la décision de délocalisation des installations de la Samir », mentionnait le communiqué gouvernemental à l'issue de l'incendie qui s'est déclaré dans un bac contenant quelque 2000 M3 de produits inflammables en septembre dernier. « La production serait quasi impossible sur un site autre que Mohammedia. Une réactivation éventuelle du site de Sidi-Kacem ainsi que le choix du nouveau port Tanger-Med, pour le stockage, seront probablement considérés », apprend-on de sources proches de la société. Il est toutefois vrai que la vétusté des infrastructures, le manque de rigueur dans la surveillance et la détection du feu et l'insuffisance des moyens d'intervention de la société, selon les investigations menées sur place, seront traités sérieusement. « Le Conseil d'administration doit prendre acte des grandes erreurs commises en plaçant la maintenance du site de Mohammedia entre des mains incompétentes aussi bien marocaines, suédoises ou saoudiennes. Il n'a jamais cru à la compétence marocaine qui a fait ses preuves pendant plus de 40 ans autour notamment de l'ex-directeur Manjour », affirme avec sa franchise habituelle Moha Benhsayen, ex-chef de division de la sous-traitance à la direction maintenance de Samir. Pour lui, il faut considérer le problème dans son ensemble et tenir compte, surtout, de l'impact économique d'une délocalisation. Ils sont plus de 800 000 personnes qui vivent directement ou indirectement de l'activité raffinage à Mohammedia. Par contre, le véritable enjeu réside dans la maîtrise du risque. « Les produits pétroliers aussi dangereux soient-ils présentent un risque maîtrisable. Je préfère substituer le terme maîtrise au terme délocalisation » précise Moha Benhsayen. La pensée du spécialiste de la maintenance va au risque quotidien, présent dans toutes les maisons, mais pourtant maîtrisé : la bouteille de gaz. En plus, une délocalisation a un impact lourd sur la société elle même. Dans un domaine aussi capitalistique que le raffinage, certains équipements ne peuvent faire l'objet d'un démantèlement, encore moins de déplacements. Le meilleur exemple est celui des réservoirs. Ils sont irrécupérables. Selon Moha Benhsayen, le meilleur scénario est la réduction du risque en reconsidérant le processus de maintenance en place. « En second lieu, stratégiquement, une répartition du risque d'approvisionnement s'impose », ajoute-t-il. Des sites sont à envisager plus au sud de Mohammedia. Safi, Agadir, ou encore Essaouira sont des sites envisageables. « Par contre, tenant compte des expériences passées, toute extension n'est plus à envisager », précise le spécialiste. Reste à savoir l'issue du conseil de ce jour. Le contour du nouveau paysage énergétique marocain en serait modifié.