Alors que la scène politique algérienne est en plein blocage institutionnel, à la veille des présidentielles, une campagne de dénigrement est actuellement menée par la presse algérienne à l'encontre du Maroc. Curieusement, à chaque signe de rapprochement entre Rabat et Alger, les mauvaises langues se délient, celles des médias algériens en particulier. Ces derniers semblent ne plus manquer une seule occasion pour sortir leurs griffes en direction de leur voisin de l'Ouest. Ainsi, des attaques gratuites, téléguidées par la junte militaire qui commande ce pays, se sont multipliées ces derniers temps. La dernière rencontre entre les deux chefs d'Etat, SM le Roi Mohammed VI et le président Abdelaziz Bouteflika à New York en marge des travaux de l'assemblée générale de l'ONU, les a attisées. Et curieusement aussi, cette campagne, à laquelle prennent part plusieurs journaux algériens, intervient alors que la classe politique de ce pays vit une véritable guerre entre les différents clans au pouvoir autour des prochaines élections présidentielles. Choisissant la politique de l'autruche, «les vrais décideurs poussent, à l'heure actuelle, les médias à monter l'opinion algérienne contre le Maroc», rapporte La Gazette du Maroc dans son édition du 6 octobre. L'hebdomadaire casablancais fait état d'une réunion tenue récemment chez Mohamed Médiane, patron de la sécurité militaire, à laquelle étaient présents plusieurs directeurs de publications algériennes. L'ordre du jour de ce débriefing n'était autre que de prendre le Maroc et son Roi comme cible. Pour y arriver, plusieurs éléments sont à exploiter : drogue, immigration clandestine, manœuvres militaires franco-marocaines aux frontières de l'Algérie. Certains sont même allés jusqu'à prendre la famille royale pour principale cible. Le dossier consacré par le quotidien «Liberté» dans sa livraison du 2 octobre en est la preuve. Les événements du 16 mai dernier ont constitué une aubaine pour cet organe de presse. «Découvrant brutalement que le ver est dans le fruit, Mohammed VI frappe fort avant que la fièvre ne déborde les quartiers populeux. Les terroristes, leurs cellules de soutien et leurs sympathisants sont embastillés et condamnés à de très lourdes peines qui se veulent également dissuasives», pouvait-on lire sur le site Internet du quotidien. Le journaliste va même plus loin. «Mohammed VI a pu réagir de la sorte parce que les Occidentaux l'ont fortement encouragé. N'ont-ils pas immédiatement accouru à son chevet, mettant à sa disposition gracieusement tous les moyens adéquats à la lutte antiterroriste ? Aux yeux de Bush, Chirac, Aznar, Berlusconi, le Maroc, à 20 km de l'Europe, est une pièce essentielle», écrit-il. Au-delà du climat politique tendu qui sévit actuellement en Algérie avec l'approche des Présidentielles, cette campagne, qui cible directement notre pays, intervient alors que ces médias eux-mêmes sont la cible quasi-quotidienne d'intimidation et de harcèlement. Ce même quotidien «Liberté» en a fait les frais pas plus tard que mardi dernier quand son directeur de publication a été embarqué par la police judiciaire algérienne. Les démêlés du journaliste avec la justice ont pour cause une chronique parue en août 2003, en signe de solidarité avec un autre journal algérien, «Le Soir d'Algérie» en l'occurrence, également dans la ligne de mire de la police locale. Le proverbe populaire ne dit-il pas que le chameau ne voit que la bosse de son voisin ?