En France, la réforme annoncée des modes de scrutin a soulevé un tollé général au sein des «petits» partis, qui y voient une manière indirecte de renforcer la «duopolarité» majorité présidentielle-Parti socialiste. C'est la levée des boucliers chez les communistes, les verts et le Front National, comme chez la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR) et le Mouvement Pour la France (MPF), qui se sont insurgés contre un projet accusé de « verrouiller » la vie politique en assurant la domination de l'Union pour la Majorité Présidentielle (UMP) et du Parti Socialiste (PS). Nicolas Sarkozy, le ministre français de l'Intérieur a soumis cet été au Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, une note de six pages sur une éventuelle réforme des modes de scrutin législatif, régional et européen. Cela dans le but de garantir des majorités claires dans les régions, de rendre les élus plus proches des électeurs et, surtout, de réduire le pouvoir de nuisance du Front National, d'ici les élections régionales, cantonales, européennes et sénatoriales de 2004.La LCR a fustigé une réforme « liberticide», les verts se sont vivement élevés contre une réforme qualifiée de «scélérate». La nouvelle majorité «entend, au prétexte (si confortable) de protéger la représentation nationale d'une remontée de l'extrême droite, mettre à bas tous les petits partis», s'est indigné le mouvement écologiste. Les petits partis de gauche sont d'autant plus inquiets qu'ils redoutent déjà les tentations hégémoniques d'un PS en pleine crise existentielle après ses revers électoraux. Les responsables socialistes se sont d'ailleurs contenté jusque-là de garder un silence prudent au sujet du projet de Nicolas Sarkozy. Mais à droite aussi, on s'inquiète d'une éventuelle volonté de l'UMP de supprimer toute dissidence. «Si l'intention était de faire disparaître toute autre sensibilité que l'UMP et le PS, ce serait un bien mauvais calcul», a averti jeudi dans «Le Figaro» la déléguée générale de l'UDF Marielle de Sarnez. Pour sa part, Philippe de Villiers, le président du Mouvement Pour la France, a également accusé jeudi le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin de chercher à «verrouiller la vie politique». «Nous assistons à une tentative inacceptable de l'UMP pour verrouiller la vie politique, pour empêcher l'émergence de tout autre force politique», s'est indigné le député souverainiste de Vendée. Une telle réforme aurait, selon lui, pour conséquence «d'éliminer les courants d'opinion qui gênent le duopole UMP-PS (...). Sans doute est-ce d'ailleurs l'intention cachée de cette opération», ajoute-t-il. Même son de cloche du côté du Front National, où on se posait jeudi en principale victime d'un projet que Jean-Marie Le Pen qualifiait «d'assez pitoyable» dans «Le Figaro». Dans un communiqué le leader d'extrême-droite affirme qu' «ouvertement orienté contre le Front National, ce texte (...) n'a d'autre objectif que de réserver le pré-carré du pouvoir à la seule UMP et au Parti Socialiste».