Visiblement, à un mois de la prochaine campagne électorale, les partis politiques n'arrivent toujours pas à créer le déclic nécessaire qui suscitera la mobilisation de la jeunesse. Quand la jeunesse a froid, le monde entier grelotte, disait le slogan soixante-huitard. Pour que la contestation juvénile puisse se transformer en action productive et créative, les sociétés modernes se sont dotées de moyens de socialisation et d'encadrement, qui devront freiner les ardeurs et ambitions démesurées, canaliser les courants protestataires, catalyser et libérer les énergies. Saisissant cette donne et s'inspirant de jeunes qui scandaient la révolte lors de la campagne électorale communale de 1976 et appelaient au sacrifice pour le triomphe de leurs idéaux, feu Abderrahim Bouabid, leur a répliqué que lui et son parti, réclamaient plutôt la vie, soit une vie meilleure. Coupant ainsi court à ceux qui prêchaient le populisme, dans sa forme nihiliste. Bien entendu, les hommes politiques à même de susciter l'impulsion créative et constructive de la jeunesse sont rares de nos jours, ce qui explique en partie la désertion des jeunes de l'action politique . A cela s'ajoutent les dissensions internes qui secouent chaque formation partisane. Le cas le plus frappant récemment est celui qui concerne la Jeunesse ittihadia depuis plusieurs années, et qui n'était en fait, selon des sources fiables, qu'une manifestation spectaculaire de calculs politiciens de quelques vieux dirigeants. Une vieillesse conçue aussi bien dans le sens biologique du terme que sous sa forme culturelle et politique. Or, si l'USFP avait géré le problème de sa jeunesse avec le gâchis que l'on connaît, pour d'autres formations, la question est encore à l'ordre du jour. L'Istiqlal n'arrive toujours pas à maîtriser les élans subjectifs de certains de ses cadres, notamment au niveau de la jeunesse, qui, dans plusieurs régions, ne fait qu'endosser à son compte les tiraillements des parents. Dans le cas du PPS, c'est le manque d'initiatives et l'absence de rayonnement réel qui frappent le plus. Après plus d'un demi-siècle d'existence, l'ancien parti communiste n'arrive toujours pas à trouver la formule adéquate lui permettant de peser sur la sphère de l'action juvénile. Dans les rangs des autres formations politiques appartenant au pôle de la gauche, force est de constater qu'en dépit du discours s'adressant à la jeunesse et des tentatives de rénovation par le haut des appareils d'encadrement, la vieillesse prend d'assaut les structures organisationnelles. Un fait qui se traduit par la lenteur dans l'action et l'absence patente de réflexes améliorant les rapports de forces en leur faveur. Par ailleurs, au sein des partis classiques dits de droite, les organisations et associations de jeunesse sont formelles et démunies de substance de mobilisation réelle et porteuse d'espoir. Un espoir que seul des obscurantistes promettent en sacrifiant la réflexion sur l'autel du simplisme béat, du charlatanisme et du sommeil de l'intelligence et de la raison. Même ceux qui se disent enracinés au sein de la société, notamment l'Association Al Adl wal Ihssane et le Parti de la justice et du développement, sont en train de perdre de l'influence au profit des nouveaux gangs religieux, éparpillés dans les diverses régions du Royaume. Bref, le tableau partisan de la jeunesse laisse à désirer, mais ne saurait confirmer la fin de l'idéologique partisan. Il y a probablement lieu de dire que ce sont les méthodes politiques en vigueur qui ont fait leur temps et non l'action politique en soi. Les élections prochaines en jugeront.