Au moment où le passage à l'autre rive est devenu difficile, voire impossible pour certains, la formule du «mariage blanc» a été inventée pour s'en sortir. L'un vise le passage à l'autre rive, l'autre cherche à obtenir, en contrepartie, une somme d'argent, ou dans de rares cas, rendre service. Les deux sont liés par un acte de mariage, en bonne et due forme. Mais ce mariage n'est pas consommé. Un mariage blanc. Plus besoin de demander un visa vacances et de faire ensuite un mariage avec une vieille américaine ou européenne pour devenir citoyen, en situation régulière, dans le pays d'accueil. La procédure en question permet d'éviter toutes ces aventures. Cette pratique de l'union factice, est devenue monnaie courante depuis que les restrictions se sont multipliées pour l'obtention du visa, dans les différents consulats. Ainsi, le jeune diplômé attend impatiemment l'arrivée de sa cousine immigrée dans un pays européen. Déjà fiancée d'un autre qui vit avec elle dans le même pays d'accueil, la famille lui propose de «sauver» son cousin. Comment? Les deux jeunes contractent mariage uniquement sur papier. La jeune retourne chez elle après la fin des vacances et l'autre entame les procédures pour rejoindre son «épouse». Un parcours de combattant, raconte Mohamed, 36 ans, résident à Fès, ayant contracté mariage blanc avec sa voisine, installée en Belgique, l'année dernière. «Il faut traduire tous les papiers dans la langue du pays d'accueil, se réveiller tôt le matin pour prendre la queue devant le consulat en vue d'être servi ou pour accélérer la procédure en cas du manque d'un papier», se souvient-il sans cacher sa joie. Une fois en Belgique il a pu régler tous ses papiers, grâce à sa voisine qui a une double nationalité. Pour les autorités belges, les deux jeunes sont mariés, mais en réalité, ils ne le sont pas. Ils attendent encore le moment opportun pour annoncer leur divorce officiellement en Belgique. «On a procédé de la sorte pour ne pas attirer l'attention des services de l'immigration dans ce pays. Car cet état de choses pourrait causer des problèmes, notamment à ma voisine», affirme-t-il. Un visa et une carte de séjour, dans les règles de l'art, ont coûté à Mohamed environ 60.000 dirhams. Il faut dire qu'en ce temps où l'accès au marché du travail est devenu difficile, au moment où des milliers de jeunes sont menés en bateau dans l'opération des trente milles emplois virtuels de la fameuse société émiratie, «Al Najat», la formule du mariage blanc paraît acceptable et conduit directement à l'autre rive. «Il vaut mieux chercher une fille qui habite dans un pays européen, et contracter avec elle un vrai mariage ou un mariage blanc que de rester exposé à ce genre d'arnaque », déclare Saïd, diplômé-chômeur, inscrit parmi les trente milles de Dar Essalam, avant d'ajouter qu'il vaut mieux procéder de la sorte que d'emprunter une autre voie. L'été est la saison des mariages par excellence. Les familles profitent des vacances pour célébrer les festivités de fondement de nouvelles familles. Mais la saison est également propice pour un autre genre de mariage. Le mariage blanc. Ce type de mariage est apparu notamment lorsque le passage à l'autre rive est devenu plus difficile, voire impossible pour certains.