Ahmed, 38 ans, sans profession, promettait aux rêveurs de l'Eldorado de les aider à obtenir des visas ou à se marier avec des Européennes ou des Marocaines naturalisées à l'étranger. Enfin, Ahmed est tombé dans les filets de la police. Il a profité, depuis pas moins d'un an et demi, des espoirs des rêveurs de l'Eldorado. Il n'a pas hésité, durant tout ce temps, à courir les quatre coins de Casablanca, Mohammedia, El Jadida, Agadir et d'autres villes sans le moindre répit. Ce qui lui importait, s'est de mettre un candidat à l'immigration clandestine dans son panier et lui délester une importante somme d'argent. Sa première expérience eut lieu à Casablanca. Elle remonte au mois de février 2002, quand il a fait la connaissance dans un café du centre-ville d'Abdelkhalek. Âgé de 26 ans, ce dernier, qui sirotait un verre de thé, a permis à Ahmed de s'asseoir près de lui autour de la même table. Après un brève moment de silence, Ahmed lui a demandé s'il est Casablancais. Abdelkhalek a répondu par l'affirmative sans savoir la raison de la question. Or, il semble qu'Ahmed avait un objectif précis : engager la conversation à propos des visas. « Je viens d'arriver d'El Jadida pour rencontrer un ami au consulat de France… », affirme-t-il à Abdelkhalek. Au fil de la conversation, il lui a expliqué qu'il voulait le rencontrer afin qu'il facilite à l'un de ses amis l'obtention du visa. Est-ce le destin ou le hasard qui lui a envoyé cet homme ? se demandeAbdelkhalek qui a tenté à maintes reprises d'émigrer clandestinement vers l'Europe. Ce jeune homme demeurant en ancienne médina n'a pas hésité à maintes reprises de se faufiler dans l'un des bateaux qui accostent au port de Casablanca. Mais en vain. Les éléments de l'équipage le découvraient à chaque fois et le mettaient entre les mains de la police. En conséquence, il a été condamné, à deux reprises par la Chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Casablanca-Anfa à des peines d'un mois de prison avec sursis pour tentative d'émigration clandestine. Abdelkhalek n'a pas dissimulé son rêve d'aller à l'Europe pour gagner sa vie et celle de sa pauvre famille. «J'ai tenté à maintes reprises, mais j'ai échoué», lui a-t-il affirmé. Ahmed lui a expliqué qu'il a la solution légale pour l'aider à émigrer. « A condition que tu disposes de l'argent », lui dit-il. Abdelkhalek a gardé le silence durant quelques secondes avant de lui répondre qu'il n'en dispose pas maintenant. Ahmed lui a précisé qu'il séjourne encore quelques jours à Casablanca avant d'aller à Agadir pour rencontrer un ami qui travaille en Emirats Arabes Unis et dispose des contrats de travail. «A toi le choix , l'Europe ou les Emirats Arabes Unis ?» lui demande-t-il. Abdelkhalek a choisi la France. En contrepartie de son service, il lui a demandé 30 mille dirhams. Après marchandage, ils ont convenu de 20 mille. Une semaine plus tard, Abdelkhalek lui a remis des photocopies de son passeport et de sa carte d'identité nationale, une attestation de résidence, un extrait d'acte de naissance, huit photos d'identité et d'une enveloppe renfermant les 20 mille dirhams. Ils ont fixé un rendez-vous pour le lendemain. Seulement, Ahmed n'est pas venu. Et depuis, il ne lui a pas donné signe de vie. Abdelkhalek s'est contenté de déposer plainte contre lui. Ahmed n'a pas quitté définitivement Casablanca après la réussite de sa première opération et qui lui a rapporté gros. Il a commencé à chercher d'autres victimes dans d'autres villes pour y retourner d'une fois à l'autre. Sa dernière opération remonte au début de mois d'août,à Inzegane, quand il a promis à un rêveur de l'Eldorado de l'aider à lui chercher une Européenne ou une ressortissante marocaine à l'étranger qui dispose de ses papiers pour un mariage blanc. Et ce, contre 30 mille dirhams. Cependant, il n'a pas tenu sa promesse après avoir empoché la somme. Cette dernière victime s'est dépêchée vers la police pour déposer plainte et Ahmed a été mis hors d'état de nuire, après avoir arnaqué une vingtaine de jeunes rêveurs. Âgé de 38 ans, Ahmed, s'est tenu devant le tribunal de première instance d'Inzegane, poursuivi pour escroquerie. Il a nié les charges retenues contre lui. En revanche, les témoignages des victimes ont été tranchants. Raison pour laquelle, le tribunal l'a condamné à deux ans de prison ferme. Ce châtiment lui servira-t-il de leçon ?