Une lutte implacable oppose le secrétaire général du FLN, Ali Benflis et le président algérien Abdelaziz Bouteflika, dans la perspective de l'élection présidentielle du printemps 2004. Dans la perspective de l'élection présidentielle du printemps 2004 en Algérie, une lutte implacable oppose le secrétaire général du Front de Libération Nationale (FLN), ex-parti unique dans le pays, Ali Benflis et l'actuel président algérien Abdelaziz Bouteflika, issu également des rangs du FLN. La lutte entre les deux protagonistes a commencé depuis le mois de mai dernier lorsque M. Bouteflika avait limogé brutalement M. Benflis de son poste de chef de gouvernement ainsi que six ministres de son parti proches de lui. La décision du président algérien a été prise juste après le 8ème congrès du FLN, en mars dernier, au cours duquel M. Benflis avait vu ses pouvoirs de secrétaire général fortement renforcés. Ce renforcement, selon les observateurs, avait été ressenti par M. Bouteflika comme le signe d'une rivalité dangereuse pour la présidentielle, pour laquelle le chef de l'Etat n'a pas encore annoncé s'il briguait ou non un second mandat. Depuis lors, la tension entre les deux parties ne cessait de monter. Un bras de fer politique qui a amené jeudi passé le bureau politique du FLN à retirer ses derniers ministres en raison des «comportements irresponsables et hérétiques du candidat-président», selon le communiqué du bureau politique du parti. Dans cette course pour la présidentielle, le patron du FLN vient de marquer un point en tenant le congrès extraordinaire de son parti qui l'a plébiscité pour défendre ses couleurs à la présidentielle du printemps 2004. Le FLN a pu tenir ce congrès extraordinaire après la décision de la justice qui a tranché en sa faveur à la suite de la demande d'interdiction du congrès déposée par les hommes de Bouteflika. Quarante-huit heures après la décision du bureau politique du FLN, le président algérien a nommé samedi sept nouveaux ministres en remplacement de ceux du Front de Libération Nationale. Les observateurs ainsi que la presse algérienne ont souligné que cette tension entre les deux rivaux pour la magistrature suprême pourrait avoir des conséquences négatives sur le pays. Le journal francophone «El Watan», l'un des principaux quotidiens du pays, s'interroge sur l'avenir du pays. Le directeur du journal Omar Belhouchet a souligné que le «climat politique s'est considérablement dégradé en Algérie». «Le coup de force des hommes du président contre le FLN ne va-t-il pas plonger le pays dans la guerre civile?», s'interroge-t-il. Dans le même sens, le quotidien «Libération» a estimé que « si les apprentis sorciers et les pyromanes ne sont pas rappelés à l'ordre (...), il y a lieu de craindre le pire dans les prochains jours». Ces déchirements de la classe politique algérienne pourraient conduire à de nouveaux dérapages dans le pays qui continue de compter ses morts à cause de la violence. L'armée, qui joue un rôle très important dans le cercle du pouvoir en Algérie, ne serait pas sans être impliquée discrètement dans ce bras de fer.