L'affaire Sersar, qui a fait beaucoup de bruit, a révélé une chose essentielle : l'absence de contrats en bonne et due forme accentue l'amateurisme. Et favorise les défections. S'il y a une affaire qui a fait couler beaucoup d'encre, ces derniers jours, c'est bel et bien celle de l'ex-buteur du KACM et du championnat national, Samir Sarsar. Joueur avec deux licences, le cas de Sersar est inédit. Au sein de la Fédération royale marocaine de football, c'est le tournis. D'autant plus qu'elle est la seule à pouvoir trancher. L'affaire est simple. Ex-joueur du KACM, Sersar a porté, pendant un certain temps, le maillot du club africain, avant de rejoindre les Emirats arabes unis pour quelques mois. De retour au bercail, il signe pour le Wydad de Casablanca. L'affaire Sersar éclate, juste après la signature du bail avec les Rouge et Blanc. Un autre club est venu ajouter de l'huile au feu : l'OCK. Selon une source proche de la fédération, la seule instance qui a le pouvoir de trancher est la commission des statuts et règlements de la FRMF, dont le président n'est autre que Abdelilah Menjra, en même temps président du WAC. Juge et partie, El Menjra ne sait pas sur quel pied danser. Une réunion est prévue, aujourd'hui, pour trouver une issue à ce problème. Mais à en croire les déclarations de certains responsables du WAC, qui ne veulent pas commettre la même bourde lors du transfert d'Ait El Arif, l'arrivée de Sersar au club s'est faite dans toute légalité. Autre élément : le fait que l'ex-buteur du KACM ait signé pour deux clubs professionnels à l'étranger coupe court avec la licence qui le lie à son club d'origine. Cette affaire, même s'elle a pris une dimension démesurée, aurait au moins levé le voile sur une réalité : l'absence de contrats pose problème. «C'est un choix qui a été fait et qui pose le problème de l'amateurisme», a confié Abdellah Ben Hssein, ex-monsieur statuts et règlements de la FRMF. Car il est inconcevable qu'à l'heure où nos responsables évoquent, avec tambour et trompettes, le professionnalisme, les joueurs ne sont pas liés avec leurs clubs par des contrats en bonne et due forme. «Un contrat, c'est la consécration juridique de ce qui se passe dans les faits. Si les dirigeants n'ont pas compris cela, ça veut dire qu'ils n'ont rien compris», a déclaré Ben Hssein. Certes pour les dirigeants, cela représente un engagement et, surtout, des charges de plus pour le club (salaire, CNSS,…), mais c'est le prix à payer pour éviter des litiges et, le plus important, régulariser une situation ou tout le monde ne sait pas quels sont ses droits et ses obligations. Si les joueurs de l'IRT et du WAC ont fait défection, c'est parce qu'ils savent pertinemment qu'ils ont le droit de signer ailleurs. En faisant signer des contrats aux joueurs, et les clubs et les joueurs trouveront leurs comptes. «Car dans chaque contrat, il y a ce qu'on appelle la prime de formation et la prime de promotion. En cédant un joueur, le club touche une commission sur la base des deux primes. À l'inverse, quand il s'agit uniquement de licence, la commission est calculée en fonction de la prime de formation», explique Ben Hssein. Les cas de transferts, qui ont fait l'objet de litige et qui ont nécessité l'intervention de la FRMF et de la FIFA, sont légion au Maroc, pour ne citer que le cas de Salahddine Bassir, transféré de l'Arabie saoudite vers le Deportivo La Corogne. À l'époque, le Raja avait touché 4 millions de DH. Alors qu'en principe, et selon les règlements de la FIFA, les Vert et Blanc ne devaient toucher que dalle.