La popularité du Souverain est à son zénith grâce à un style d'exercice du pouvoir fondé sur la proximité, l'écoute, l'attention envers les couches les plus fragiles de la population et l'ambition qu'il nourrit pour l'avènement d'un Maroc plus dynamique, plus ouvert sur son environnement et plus démocratique. Trois années de règne de S. M. le Roi Mohammed VI ont transformé substantiellement et en profondeur notre pays. Au regard d'un règne et d'une succession royale, trois années peuvent paraître dérisoires par rapport à l'Histoire. Mais, en fait, ce que nous apprend également cette même Histoire, c'est que ce sont ces années de commencement qui fondent en général une méthodologie, un style ou une œuvre. On peut tout lire dans ces premiers actes fondateurs et tout apprendre sur les contours d'un projet qui se déploie de jour en jour, par touches successives et par accumulation de petites et de grandes décisions. C'est par la lecture de ces signes, et ils sont fort nombreux, que l'on peut saisir la philosophie, la qualité et la nature de l'exercice d'un pouvoir. S.M. le Roi Mohammed VI a débuté son règne dans l'adversité. La première est celle de faire le deuil de son père, S.M. Hassan II, un roi qui a profondément marqué le Maroc contemporain par son style flamboyant parfois jusqu'à l'excès, par son caractère trempé qui pouvait aller jusqu'à la rigidité et par sa personnalité forte qui pouvait le confiner, s'il rencontre quelque contrariété, à l'obstination. Un Roi, voire un sultan, qui était complètement à l'aise dans la modernité, mais qui rechignait parfois à lui succomber, préférant les vertus connues d'un exercice de pouvoir oriental dont il maîtrisait également, et à la perfection, tous les ressorts. Face à ce legs, S.M. le Roi Mohammed VI, et c'était là peut-être la première option lourde à choisir, ne s'est lancé ni dans les bilans intempestifs, attendant probablement le retour de la sérénité, ni dans les ruptures aisées et spectaculaires, choisissant l'action dans le sillon d'une continuité dynastique résolue et responsable. Ce choix fait par S.M. le Roi Mohammed VI, les Marocains l'ont compris et les tenants des aventures institutionnelles et les amateurs des moments propices et des fenêtres de lancement opportunes également. S.M. le Roi Mohammed VI n'agira ni sous la pression ni selon des diktats ; malgré l'urgence de la réforme, les nécessités de la transformation ou la violence des besoins, il a intégré le temps comme facteur stratégique dans l'exercice du pouvoir. Un rejet net de l'aventurisme et des expérimentations hasardeuses. L'autre adversité, sur laquelle on passera rapidement, qu'a eu à affronter S.M. le Roi Mohammed VI, est celle qui est liée aux attaques personnelles, pas toujours politiques, qu'il a dû subir. Des conférences, des communications, des articles de presse et même des livres express ont tout à coup fleuri. Le Roi du Maroc, S.M. le Roi Mohammed VI, a géré toutes ces attaques, qui entendaient le mettre sous influence, avec beaucoup de courage, d'élévation d'âme et de dignité. Des attaques relatives à ses aptitudes, n'avait-on pas lu « qu'il n'aimait pas le job », celles relatives à sa responsabilité d'héritier du trône ou celles, les plus infâmes, qui relèvent de la vie privée du Souverain. S.M. le Roi Mohammed VI a tout subi, sur la base de jugements de valeur hâtifs ou de dénigrements systématiques indignes, en peu de temps. Rarement un jeune chef d'État a eu affaire si vite à une machination de cette forme et de cette ampleur. Cette période l'aura probablement à la fois marqué et rapidement aguerri, mais il ne s'est nullement laissé happer par ces tourbillons régressifs qui avaient certainement pour objectif de peser «dangereusement» sur la succession. Il a fait face, souvent seul, avec sagesse et résolution. A un autre niveau, dans l'exercice du pouvoir, très tôt, S.M. le Roi Mohammed VI a eu à subir d'autres injustices. Malgré un bilan indiscutable dans le domaine des droits de l'homme : Yassine, Serfaty, Oufkir ou la reconnaissance explicite des années de plomb par l'indemnisation de ses victimes, ou dans le domaine de la démocratie ou de la liberté d'expression, la tendance qui perdure d'ailleurs est de dire que le Maroc est revenu en arrière. Le retour des années noires: un État liberticide, sans règles de droit où l'expression est muselée et où la terreur règne. Pourquoi ce bilan fallacieux fait par des professionnels de la prévarication, de la provocation et de la désinformation ? Uniquement parce que deux ou trois manifestations non autorisées sont dispersées par les forces de l'ordre, ou parce que certains journaux ont eu maille à partir avec le gouvernement avant d'obtenir gain de cause. Tout cela est insuffisant, y compris l'affaire Adib-Juvenal, pour décréter un retour des années de plomb, et pourtant rien n'y a fait. Devant ce gâchis, celui de la dévalorisation systématique de grands acquis, inédits dans notre région, en matière des droits de l'homme, l'on peut comprendre que S.M. le Roi Mohammed VI ressente quelque amertume. Ce bilan, qui est le sien personnel, et celui de tous les Marocains à travers des années de militance et de sacrifice, est jeté à la rivière sans que personne ne le défende. Pire, ce bilan, certes perfectible, est sciemment et systématiquement sali par ces mêmes professionnels adossés délibérément à des milieux étrangers hostiles. S.M. le Roi Mohammed VI, face à cette autre adversité, celle-ci peut-être inhérente à l'exercice du pouvoir, s'est uniquement attaché aux faits. Un trait de maturité et d'expérience. Mais dans la même foulée de la consolidation des droits de l'homme, S.M. le Roi Mohammed VI a confirmé, pendant ces trois années, le choix incontournable de la démocratie, parfois, on l'a vu, en payant de sa propre personne. Par la confirmation de l'alternance, le Souverain a accéléré la transition démocratique sans bousculer ni le calendrier politique ni l'équilibre des institutions. Selon notre constitution actuelle, le Roi a continué à régner et le gouvernement à gouverner. Et cela dans un respect mutuel et réciproque peut-être jamais égalé dans notre royaume. Les rapports entre le Souverain régnant et le Premier ministre gouvernant ont pris un tour inédit et prometteur dans notre pays, basé sur l'autonomie des pouvoirs et le respect des prérogatives constitutionnelles de chacun. Cela, puisqu'on est à l'heure des bilans, est un trait caractéristique fondamental de l'action de S.M. le Roi Mohammed VI. On peut constater ce trait également dans le retrait total du Palais de la vie politique partisane. Ni consignes, ni orientations, ni directives ne viennent, comme par le passé, éclaircir le ciel sombre et orageux de l'indépendance nouvelle de nos formations politiques. S.M. le Roi Mohammed VI a décrété que cela n'était pas du ressort de la monarchie mais de la démocratie marocaine elle même et de son rapport avec les citoyens. C'est un fait nouveau. Alors que par le passé des conseillers du roi ou des ministres de l'intérieur faisaient et défaisaient les leadership, les carrières et les votes au Parlement, le silence actuel du Palais pour les survivants de cette période régulée est proprement assourdissant. Et ils le disent et le déplorent. Ils doivent, pourtant, recalculer cette nouvelle distance. Par contre, et c'est un nouveau constat, S.M. le Roi Mohammed VI a choisi résolument de déployer son «activisme» dans le domaine social et dans celui de la promotion des investissements. Sur ces deux points, l'engagement royal est total. Qui peut s'en plaindre ? Le social et l'investissement, deux énormes chantiers marocains sur lesquels nos retards sont considérables, sont au cœur, d'une manière presque obsessionnelle, de la réflexion et de l'action du Souverain. Elles fondent même son approche des problèmes du pays et montrent à l'évidence que le diagnostic fait sur la situation est juste. Sur cette approche aussi, des polémiques, mais cette fois-ci politiciennes, ont pu voir le jour. Brouiller la démarche, faire douter du bilan et fausser l'analyse, tel était l'objectif mais sans grande conviction. On a pu lire, sous une forme intelligente apparente, que le Roi du Maroc occupe le champ social pour barrer la route aux islamistes. Que le Roi du Maroc dépossède le gouvernement de ses prérogatives économiques. Que le Fonds Hassan II est devenu le ministère des finances-bis. Que la Fondation Mohammed V exonère le gouvernement de ses responsabilités sociales. Que le bilan du gouvernement est celui du Roi, etc. Tout cela est vain s'il ne place le Maroc, les Marocains et leurs intérêts supérieurs, au-dessus de toute autre considération circonstancielle ou marginale. Le Roi du Maroc travaille exclusivement pour son pays et pour son peuple. S.M. le Roi Mohammed VI nous a montré, pendant ces trois premières années de règne, avec modestie, écoute et simplicité dans une posture fondée sur la tolérance, le souci des autres, l'attachement aux principes et à la légalité que tout ce qui peut concourir à la prospérité, à la sécurité et à l'épanouissement des Marocains, l'intéresse au plus haut degré. C'est cette conviction que nous avons tous ressentie très fort chez lui qui le rend présent dans le cœur de tous les Marocains. Malgré toutes les adversités.