L'Algérie s'est lancée dans une course effrénée à l'armement. Par la voie de ses journaux, elle annonce des contrats d'achats d'armes, conclus à coups de milliards de dollars. Qui cherche-t-elle à impressionner ? A l'heure où la Banque mondiale déplore le boycott par les investisseurs du marché algérien, Alger investit dans l'achat des armes. Elle annonce régulièrement de nouveaux contrats pour l'acquisition d'avions de chasse, de frégates ou de tanks. Des détails du dernier contrat en date ont été donnés, dimanche, par le quotidien «Le Jeune indépendant». Il y fait état de l'imminence de l'acquisition par Alger de plusieurs armes de fabrication russe. Le constructeur privé russe d'avions, Sukhoi, a indiqué que l'Algérie était l'un de ses plus sérieux clients. En plus de la commande en 2001 par Alger de 22 chasseurs bombardiers SU-24mk pour un montant de 120 millions de dollars, l'armée algérienne pourrait en acheter d'autres. Le journal affirme que 13 appareils ont déjà été livrés et que neuf autres devraient être réceptionnés avant la fin de l'année. L'auteur de cet article, qui ressemble à un défilé militaire, ajoute que l'armée de l'air algérienne devrait également recevoir une commande de 50 MIG-29 pour un montant de 1,5 milliard de dollars. Cette transaction devrait être conclue, ajoute le journal, ce mois-ci. Toujours avec son marchand traditionnel, la Russie, l'Algérie a conclu un contrat pour l'achat de 24 hélicoptères de type MI-8 en version améliorée pour la somme de 120 millions de dollars. Les équipements de l'armée de l'air ont occupé un large espace de l'article, pourtant intitulé «Des frégates et des patrouilleurs pour l'ANP ». Que signifie cette parade militaire aérienne ? Quelle armée cherche-t-on à faire trembler de peur en exhibant en une seule fois bombardiers, avions de chasse et hélicoptères? La presse algérienne souligne souvent que le fleuron de l'armée marocaine, c'est son aviation. Il n'est pas futile de rappeler cela à l'heure où l'Algérie exhibe ses appareils de guerre dans le ciel. En ce qui concerne les équipements navals, l'Algérie a également fait ses courses en Russie. Elle serait sur le point de conclure un contrat pour l'achat de deux frégates de type Uran, d'une corvette et de 15 patrouilleurs pour un montant dépassant 1,2 milliard de dollars. Il est certain que la hausse des prix du pétrole donne des ailes à l'armée algérienne. Mais pourquoi les déploie-t-elle de façon aussi ostentatoire ? Quel ennemi craint-elle pour exhiber sa ferraille? Qui cherche-t-elle à entraîner dans une course effrénée à l'armement ? Et quelle armée se prépare-t-elle à affronter ? Nous sommes évidemment le pays voisin que l'Algérie cherche à impressionner avec des armes russes qui ne font plus peur à personne. Et le Maroc, fort de la qualité de son armement et de son statut d'allié non majeur de l'Otan, peut laisser Alger à ses fanfaronnades militaires. Mais quelle perte de temps pour les deux peuples voisins qui méritent, évidemment, mieux.