Dans le discours qu'il a prononcé devant l'Assemblée générale des Nations unies, le président du gouvernement espagnol a appelé à "une alliance de civilisations entre le monde occidental et le monde arabe et musulman" Quelques heures seulement après que le président américain, George Bush, a prononcé son discours devant l'Assemblée générale de l'ONU dans lequel il a fait l'éloge de sa guerre contre le terrorisme et son invention militaire en Irak, le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, s'est chargé de défendre la voie du dialogue entre les civilisations. Malgré le fait qu'il n'ait à aucun moment cité nommément le président américain, l'intervention du chef de l'Exécutif espagnol a été interprétée comme une réponse au discours de la guerre prononcé par Bush. Dans son allocution, Zapatero a proposé "une alliance de civilisations entre le monde occidental et le monde arabe et musulman". «La paix exige plus de courage, plus d'héroïsme et plus de détermination que la guerre. C'est pourquoi notre pays a décidé de ne pas avoir une présence militaire en Irak», a expliqué le chef du gouvernement espagnol en se référant à la décision prise par son cabinet dès son investiture de rapatrier le contingent militaire que son prédécesseur avait envoyé en Irak dans le cadre de l'alliance dite transatlantique qu'il avait scellée avec Georges Bush. Rappelons que l'alignement de José Maria Aznar sur la politique américaine n'avait pas été appréciée par le peuple espagnol qui vota contre son parti aux élections législatives du 14 mars dernier. Zapatero a tenu ainsi à donner à sa décision de retirer les forces espagnoles de l'Irak une dimension internationale en appelant de la tribune onusienne à ce que le monde s'engage dans une nouvelle voie de dialogue et de paix. Un appel qui n'a pas été appréciée par l'Administration américaine qui la voit comme une critique directe de la politique de Georges Bush ce qui a crée une certaine tension entre les deux pays. D'ailleurs, les observateurs ont remarqué que dans le programme du séjour du chef du gouvernement espagnol aux Etats-Unis, aucune réunion, comme il est d'usage en marge de la réunion de l'Assemblée générale des Nations unies, n'a été prévue avec le président américain. En plus, l'intervention de Zapatero a coïncidé avec l'annonce par les médias américains de la décapitation d'un autre otage américain, vingt-quatre heures à peine après une autre exécution barbare. Cette exécution montrait encore une fois le chaos dans lequel se trouve l'Irak presque deux ans après le début de la guerre menée par Washington et ses alliés contre le régime de Saddam Hussein. Ainsi, Zapatero, qui s'est présenté comme le leader d'"un pays ancien et divers, ayant diverses langues, différentes traditions ainsi que différentes cultures", a rappelé que l'Espagne, vu son expérience dramatique, est exempte de tout soupçon en matière de lutte antiterroriste. "Notre histoire est notre aval", a souligné Zapatero ajoutant que "les Espagnols, n'ont pas eu peur le 11 mars". Le chef du gouvernement espagnol a tenu ainsi à répondre à tous ceux qui veulent faire croire que la victoire électorale des socialistes, le 14 mars dernier, était due à la peur des électeurs suite aux attentats terroristes du 11 mars, trois jours avant le scrutin. "Les victoires exigent de l'humilité, et les défaites, de l'intelligence", d'ailleurs expliqué le président du gouvernement espagnol lors d'une conférence de presse organisée à New York en marge de sa participation aux travaux de la 59ième session de l'Assemblée générale des Nations unies. Lors de cette conférence de presse, Zapatero a tenu à expliquer que même s'il partage avec Georges Bush des objectifs comme "la lutte pour la liberté et la démocratie", il existe des différends qui n'empêchent pas qu'il y ait une solidarité entre les deux parties. Enfin, il faut signaler que le discours prononcé par José Luis Rodriguez Zapatero a été longuement ovationné par les chefs des délégations des Etats membres ce qui a été considéré par les observateurs comme l'expression d'un soutien à la position espagnole notamment en ce qui concerne le retrait des forces militaires de l'Irak.