Burundi. Plusieurs partis ont lancé mardi un ultimatum au président Buyoya pour que cessent les violences et que soit respecté le calendrier électoral prévu par les accords de paix signés voilà près de deux ans. Les accords d'Arusha signés en août 2000 entre le gouvernement burundais et l'opposition ont aujourd'hui bien piètre allure. Au Burundi, la guerre civile opposant l'armée à majorité tutsie aux mouvements rebelles hutus perdure depuis pas moins de neuf années, mêlées de querelles inter-ethniques et de confrontations politiques meurtrières. Les violences, loin d'avoir cessé comme le prévoyait l'accord conclu en Tanzanie, se sont manifestement multipliées ces derniers jours. Au point que de nouvelles négociations ont été annoncées entre les deux parties, encore une fois en Tanzanie, pour la fin de cette semaine. Il faut dire que le processus démocratique qui devait découler du premier cessez-le-feu est loin d'avoir été respecté. Le Burundi avait décidé voici deux années de répartir équitablement le pouvoir entre les deux communautés du pays, les Hutus, qui constituent 85 % de la population, et les Tutsis, qui représentent les 15 % restants. Le gouvernement d'alors comme les groupes opposants - à la fois tutsis et hutus - s'étaient entendus sur un exécutif de transition qui devait déboucher sur des élections municipales libres d'ici 18 mois. Sauf que les principaux mouvements rebelles hutus ont par la suite refusé d'adhérer aux accords et qu'aucun scrutin n'est pour l'instant à l'ordre du jour. Ce mardi, cinq petits partis tutsis signataires ont donc décidé de lancer un ultimatum au président Paul Buyoya, lui donnant «20 jours» pour cesser sa «violation massive et continue» des accords de paix. Dans le cas contraire, les formations entendent «quitter les institutions de transition». Ce système temporaire -mis en place en novembre dernier et composé d'un gouvernement, d'une Assemblée nationale et d'un Parlement- est «dans son application constamment violé par le major Buyoya», a déclaré mardi Alphonse Rugambarara, porte-parole des cinq partis. S'appuyant sur les principes adoptés à Arusha, ces formations dénoncent surtout «la limitation politique des libertés politiques», autrement l'impossibilité de «faire des meetings, des manifestations» dans un pays censé organiser des élections. Reste que, avant de décider d'un quelconque scrutin, le Burundi devra mettre un terme aux violences qui se multiplient, notamment dans l'est et le sud-est du pays. Mercredi dernier, le président Buyoya avait d'ailleurs annoncé que «des pourparlers sur le cessez-le-feu avec les rebelles (hutus) allaient avoir lieu dès la semaine prochaine en Tanzanie». Il avait ajouté que ces discussions seraient «suivies par un sommet des chefs d'Etats de la région, toujours avant fin juillet». Cette guerre -qui a déjà fait plus de 250.000 morts en neuf ans- oppose l'armée aux Forces pour la défense de la démocratie (FDD) et aux Forces nationales de libération (FNL), deux groupes qui ont tendance à se radicaliser. Les FLN ont mené ces dernières semaines plusieurs attaques aux portes de la capitale, tuant une dizaine de personnes, tandis que les FDD ont violemment frappé les régions orientales. L'armée burundaise, impuissante face à ses percées rebelles, a accusé samedi dernier la Tanzanie de «faciliter» les déplacements des FDD vers le centre du pays. Selon le général-major Cyrille Ndayirukiye, «ces attaques sont menées par des rebelles en provenance de la Tanzanie». Les larges offensives rebelles lancées le 7 juillet dernier rendent en tout cas de plus en plus incertaine la tenue de pourparlers de paix dans ce pays voisin qu'est la Tanzanie, doublement impliqué dans le conflit…