Malgré des accords de paix et une catastrophe humanitaire, le Burundi continue d'être le théâtre de violences entre l'armée et les rebelles. Tout en négociant la paix. Intensifié depuis le 27 novembre dernier, le conflit s'est envenimé à l'est de la capitale, Bujumbura, dans la forêt de Tenga, faisant, au cours des deux dernières semaines environ 200 morts parmi les rebelles des Forces Nationales de Libération (FNL), et plus de 45 au sein des troupes gouvernementales. Un regain de violence qui n'empêche toutefois pas le président intérimaire du pays d'effectuer sa tournée prévue en Europe. Actuellement à Paris, Pierre Buyoya, s'est d'ailleurs déclaré optimiste sur un futur cessez-le-feu entre son gouvernement de transition et les trois factions rebelles armées. Plus préoccupé qu'optimiste, le Conseil de sécurité des Nations Unies vient quant à lui de condamner fermement les dernières exactions commises par la rébellion. Informé de cas d'enlèvements d'enfants et de plusieurs actes de banditisme, le représentant onusien et ambassadeur malien Moctar Ouane, a appelé une fois de plus, ce mercredi, les groupes rebelles « à cesser les hostilités et à entamer des négociations avec le gouvernement de transition », notant que la conclusion d'un cessez-le-feu constitue désormais «la première des priorités au Burundi». Il est en effet plus qu'urgent pour le pays de sortir d'un cycle de violence qui entraîne une situation humanitaire dramatique. D'ores et déjà, la communauté internationale, réunie mardi à Genêve, a décidé d'octroyer un don de 832 millions de dollars – répartis sur la période 2002-2004 - en faveur de la reconstruction du Burundi. Avec 60% de cas de malnutrition, et 25% de sous-nutrition, le pays serait «le dernier au monde en matière de consommation de lait, de viande et de poisson», selon le rapport 2001 des services du ministère burundais de l'Agriculture et de l'Elevage. Si l'économie nationale dépend fortement de son secteur agricole, il est aussi certain que les troubles politiques enrayent toute possibilité de développement. Et freinent aussi l'aide étrangère, surtout depuis l'assassinat récent du Dr Kassi Manlan, représentant de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) au Burundi. Reste que les différentes parties doivent très vite se mettre d'accord pour appliquer les accords de paix signés à Arusha, en Tanzanie, en août 2000. Selon le calendrier établi, le chef d'Etat tutsi devrait céder son poste à l'actuel vice-président (hutu) dans 18 mois, date à laquelle des élections locales seront organisées. D'ici 2ans, ce sera au tour des élections législatives, et au plus tard dans 3ans, de l'élection présidentielle. Un programme de rapatriement des réfugiés et la formation d'une nouvelle armée nationale composée à part égale de Tutsi, et Hutus, font aussi partie des négociations d'Arusha. La guerre civile qui sévit depuis huit ans au Burundi a fait plus de 250.000 victimes civiles.