Rwanda. Le procès de quatre officiers supérieurs accusés de génocide s'est ouvert en l'absence des accusés tandis que les violences inter-ethniques se poursuivent dans la région des Grands Lacs. Parmi les quatre prévenus appelés à comparaître devant le Tribunal pénal International pour le Rwanda, figure le colonel Théoneste Bagosora, ancien chef de cabinet du ministère de la Défense âgé de 61 ans, accusé d'être l'un des principaux organisateurs du génocide de 1994. Doivent aussi être jugés le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, ancien commandant des opérations militaires dans la province de Gisenyi (Ouest du Rwanda), le major Aloys Ntabakuze, ex-commandant du bataillon para-commando de Kigali, et le général de brigade Gratien Kabiligi, ex-commandant des opérations militaires. Aucun de ces accusés ne se trouvait dans la salle d'audience à l'ouverture du procès mardi, à Arusha, en Tanzaine. Selon leurs défenseurs, tous protestent contre la remise tardive de documents et de déclarations faites par des témoins de l'accusation, et ont refusé de quitter leur cellule pour se rendre à l'audience. Les juges du tribunal des Nations Unies ont précisé que leur procès se poursuivra «même en leur absence». Les quatre officiers, qui plaident non coupables des charges de génocide et de crimes contre l'humanité portées contre eux, sont précisément accusés d'avoir fait partie d'un groupe d'officiers supérieurs qui ont passé plus de trois années à planifier l'extermination de la minorité Tutsi pour éviter qu'elle ne défie les Hutu, majoritaires, dans la vie politique rwandaise. Alors que le Rwanda observe toute cette semaine un deuil national en souvenir des Tutsi et Hutu modérés massacrés ente avril et juillet 1994 (un million de morts selon le dernier bilan), ces haines ethniques continuent d'entraîner des combats et des déplacements de populations, notamment dans le Burundi voisin. Lundi, 5.000 civils ont fui les affrontements près de Bujumbura, entre l'armée et les rebelles Hutu des Forces nationales de libération (FNL). Partis de Kibuye, ces civils sont venus s'ajouter aux 13.000 autres déplacés de Rushubi (20 km à l'Est de la capitale). Au Burundi, une guerre civile latente oppose depuis 1993 l'armée, dominée par la minorité Tutsi, à des mouvements rebelles Hutu. Cette guerre a déjà fait plus de 250.000 morts, pour la plupart des civils.