Le repli de la consommation de ciment sur les derniers mois affecte les prévisions des professionnels qui tablaient sur une croissance annuelle variant entre 8,0% et 11,0%. Les prémices d'un retournement de tendance pointent à l'horizon. Serait-ce l'amorce d'un retournement de situation dans le secteur cimentier ? Alors que l'ensemble de la filière tablait sur une croissance annuelle variant entre 8,0 % et 11,0 %, les réalisations ne sont pas au rendez-vous. Premier groupe a livré ses chiffres, Ciments du Maroc connaît une baisse de son chiffre d'affaires de 4,6 % par rapport au premier semestre 2003. Le résultat net affiche une baisse de 6,4 %. Le cimentier attribue cette baisse « à un effet de base lié à l'exceptionnelle croissance du premier semestre 2003 dans la région sud (+16,3 % par rapport au 30 juin 2002), la progression des tonnages vendus durant le premier semestre 2004 par le Groupe Ciments du Maroc dans cette zone. Par contre, la tendance semble se confirmer à l'ensemble du secteur. À l'issue des huit premiers mois de l'année 2004, la consommation nationale de ciment a atteint 6,4 millions de tonnes, en amélioration de 4,4 % par rapport à la même période de l'année écoulée. En revanche, sur le seul mois d'août, les réalisations commerciales ont baissé de 1,5 % à 823 100 tonnes comparativement au même mois de l'année 2003. Selon la banque d'affaire BMCE Capital, sur le plan régional, le Grand Casablanca s'octroie toujours la meilleure part du secteur, soit 15,5 % des ventes nationales pour une légère augmentation de 0,4 % à plus d'un million de tonnes. Pour sa part, la région Tanger-Tétouan compte pour 10,5% des écoulements sectoriels, laissant apparaître, à fin août 2004, une appréciation de 4,5 % à 674 100 tonnes. De leur côté, les régions Souss-Massa-Drâa et Marrakech-Tensift-Haouz, constituant 10,0 % et 9,6 % des réalisations commerciales du secteur, enregistrent des hausses respectives de leurs consommations de 0,3 % à 645 700 tonnes et de 14,3 % à 618 200 tonnes. Le repli de la consommation de ciment sur le mois d'août, observé aussi sur les mois de mai et de juillet, affecte les prévisions des professionnels qui tablaient sur une croissance annuelle variant entre 8,0 % et 11,0 %. Cette baisse non prévisible selon les opérateurs du secteur Bâtiment & Travaux Publics, est due principalement à raison de la bonne campagne agricole qui a absorbé une grande partie de la main-d'œuvre disponible. Pour le mois d'août, le recul des écoulements est expliqué par la grève des transporteurs de sable, qui a duré près de 15 jours. Sur un autre registre, le durcissement au niveau de l'application des règles antisismiques, depuis le tremblement de terre d'El Hoceima, aurait concouru au renchérissement du coût des constructions de 10 % à 15 % et contribué, par conséquent, à la baisse des ventes de ciment observé dans le secteur. Toutefois, Ciment du Maroc trouve d'autres arguments. Dans son commentaire accompagnant son résultat semestriel, le cimentier estime que « du fait de la modification de la Taxe Spéciale sur le Ciment qui alimente le Fonds de Solidarité Habitat, portant son niveau de 50DH à 100 DH par tonne, sans répercussion sur les prix de vente, le chiffre d'affaires de Ciments du Maroc s'établit en baisse de 4,6 % par rapport au premier semestre 2003 ». Autre aspect, et non des moindres, la progression des tonnages vendus, la baisse des taxes sur les combustibles et du prix de l'électricité ainsi que l'amélioration des performances opérationnelles et du résultat financier n'ont pas permis de compenser l'effet négatif de la baisse du prix de vente net ». Globalement, le secteur cimentier marocain reste un secteur fortement grevé par la facture énergétique. Fortement consommatrice d'éner-gie, l'industrie marocaine du ciment souffre de sa double dépendance des approvisionnements en coke de pétrole pour la fabrication du clinker et en électricité pour la production du ciment. Le coût de ces facteurs représente pratiquement 66 % des coûts variables du ciment contre 30 % à 35 % en Europe. Les prix internationaux du pet coke sont fortement liés à ceux du pétrole, dont les cours ont sensiblement augmenté en 2003. Principal fournisseur mondial du coke de pétrole, le Venezuela a été, durant cette année, en prise avec d'importantes grèves qui ont paralysé sa production. Pour les industriels nationaux, ce renchérissement a été d'autant plus inopportun qu'ils continuaient à supporter une TIC des plus pénalisantes. De même, le secteur continue de pâtir des tarifs d'électricité industrielle excessivement élevés au Maroc, et ce malgré les différentes baisses opérées par l'Office national d'Electricité.