Lundi, à Durban, les dirigeants africains ont dressé les contours de la nouvelle Union Africaine qui devra faire des ratages de son ancêtre, l'OUA, ses grands défis pour tenter de sortir le continent de la marginalité. Lundi, le président sortant de l'Organisation de l'Unité africaine, le Zambien Levy Mwanawasa a ouvert le sommet en présence d'une cinquantaine de chefs d'Etat et de gouvernement, du secrétaire général de l'OUA, Amara Essy, du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, et de l'ex-président sud-africain, Nelson Mandela. Lors de cette première journée historique, les dirigeants devaient étudier les projets de texte concernant les organes-clés de la future UA. Car à partir de ce mardi, l'OUA, créée en 1963, ne sera plus qu'un souvenir. Le souvenir d'une unité continentale rêvée par ses fondateurs au lendemain de la décolonisation, mais trahie par les intérêts divergents des composantes du continent, par les guerres, les problèmes économiques et l'absence de démocratie. Pour le continent, l'heure est donc au changement. Le secrétaire-général l'OUA, Amara Essy, a d'ailleurs défini l'UA comme un «soleil nouveau» pour l'Afrique. «Avec le passage de l'OUA à l'UA, le saut qualitatif doit nous conduire à une Afrique des peuples qui revendique et prend possession de ses institutions de son processus de développement» a-t-il ajouté en lever de rideau de ce sommet de trois jours. «Nous sommes en route pour une Afrique debout, digne, prospère, déterminée à être un partenaire crédible et respecté dans la communauté internationale (...). Plus jamais un autre regard qu'un regard africain ne définira l'Afrique» a conclu celui devrait encore présider la commission de l'UA – composée de dix membres - pour une période «intérimaire» d'un an. «Le fait que vous pouvez aujourd'hui proclamer la naissance de l'Union africaine est un hommage rendu au mérite de l'OUA», a pour sa part estimé le secrétaire général des Nations Unies. «Cette naissance est un moment solennel et, plus important encore, un moment porteur d'espoir», a ajouté le Ghanéen Kofi Annan, tout en lançant cet avertissement : «gardons-nous de prendre nos espoirs pour des réalités. Ne nous risquons pas à compromettre ce que nous avons déjà réalisé. Et gardons-nous d'imaginer qu'une fois proclamée, notre union deviendra une réalité sans plus d'effort de notre part». Il est sûr que l'Union africaine ne pourra s'épanouir qu'à travers une volonté réelle, d'abord, et commune, ensuite, de tous les dirigeants du continent. Une volonté qui doit donner la priorité à la pacification des quelque vingt pays encore impliqués dans des conflits, notamment dans la région des Grands Lacs. Lundi, le Comité international de la Croix-rouge (CICR, 20 délégations présentes sur le continent) a aussi rappelé aux chefs d'Etat que parmi ses grands maux, l'Afrique devait résoudre ses problèmes humanitaires, des déplacements forcés de populations aux pénuries alimentaires actuellement subies dans toute la région australe. Ces situations précaires illustrent d'ailleurs à quel point le développement économique du continent doit être une priorité, notamment à travers l'adoption du NEPAD par l'UA. Comme souligné par le directeur de la mission économique de l'ONU sur le continent, observateur à Durban, l'UA est en effet «un pas gigantesque pour le développement de l'Afrique». Et Kingsley Amoako d'ajouter que «les dirigeants ont pris de nouveaux engagements pour améliorer leur exercice du pouvoir sur le plan économique, politique et en faveur du respect des droits de l'Homme». Reste à présent aux Africains de respecter ces engagements.