La réunion des membres de la Commission de l'Intérieur à la Chambre des représentants, le ministre du Transport et de l'Equipement et le P-dg de la RAM s'est terminée avec un goût d'inachevé. Les protagonistes ont décidé de se rencontrer encore une fois. Après plusieurs semaines d'attente et de report pour des raisons diverses, le président-directeur général de la RAM, Mohamed Berrada s'est finalement rendu au Parlement, mercredi 1er septembre, sur convocation des membres de la Commission de l'Intérieur à la Chambre des représentants. L'ordre du jour de cette réunion tant attendue a essentiellement porté sur la situation financière et sociale de la compagnie nationale. La dernière grève des pilotes qui a secoué la RAM et fait couler beaucoup d'encre n'a été qu'un détonateur. L'institution parlementaire a, depuis longtemps, les yeux rivés sur la RAM. Comme la tenue de cette rencontre a été formulée à deux reprises par le groupe istiqlalien, c'est Ahmed Khalil Boucetta qui a commencé par pendre la parole au nom de son parti. "Mon but était de tracer les contours du débat et de poser quelques questions précises au PDG de la RAM et pour lesquelles j'espérais des réponses franches", souligne le député istiqlalien qui semble formidablement bien maîtriser le dossier du transport aérien, en général, et celui de la RAM en particulier. En fait, tous les groupes parlementaires ont insisté sur le fait que la RAM appartenait à hauteur de 94% à l'Etat marocain et que par conséquent elle devait se soumettre aux mêmes règles de tutelle à l'égard du gouvernement et du Parlement, que n'importe quel établissement public. La principale revendication des parlementaires est d'instaurer une véritable tutelle gouvernementale sur la RAM. Ce qui est valable pour le ministère du Transport l'est également pour le ministère des Finances. En l'absence d'une parfaite maîtrise du dossier du transport aérien, une bonne partie des élus s'est contentée d'écouter. Et Berrada, en fin connaisseur des réalités politiques nationales, en a profité à fond déballant un nombre incalculable de chiffres. "Il a fait une prestation magistrale", reconnaît Boucetta. En fait, Berrada a évité de s'attarder sur les dysfonctionnements. Il a préféré rappeler le rayonnement de la RAM à l'échelle régionale et internationale. Le succès de l'expérience sénégalaise, chiffres à l'appui, laisse les députés bouches bées. Autre projet d'envergure pour la RAM: la participation dans le tour de table de la future compagnie de transport aérien de la région Cecam (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Équatoriale, Centrafrique et Tchad). "Air CEMAC" sera une compagnie sous la forme juridique d'une société anonyme au capital social de 21 milliards de francs CFA répartis entre les Etats membres à hauteur de 30%, le Français Euralair comme partenaire technique (18%) et des investisseurs privés (52%). Sur ce dernier point, à en croire Berrada, la RAM compte jouer un rôle d'avant-garde. Aussi, le PDG de la RAM a annoncé la prochaine création d'une RAM Academy. Il s'agira de former des pilotes et du personnel navigant sans pour autant être obligé de les recruter. Quant à Karim Ghellab, ministre du Transport et de l'Equipement, il a profité de l'occasion pour mettre les pendules à l'heure. Il a estimé que certains agissements de la RAM n'étaient "pas clairs", pour ne pas dire carrément illégaux. En tout cas, le rôle de la Direction de l'aviation civile a été sérieusement pointé du doigt. Faute de temps, Berrada n'a pas répondu aux questions de plusieurs députés. Pourquoi la RAM a-t-elle vendu son simulateur? Comment, et au profit de qui, s'est opérée la privatisation du service commercial à bord? Pourquoi le dernier concours pour la formation des pilotes est-il passé dans des conditions plus que douteuses? A quoi va ressembler la RAM Academy dont la création a été annoncée par Berrada? Autant de questions sur lesquelles les parlementaires ne vont pas hésiter à titiller le PDG de la RAM. Aussi, les élus souhaitent connaître avec exactitude les comptes des filiales de la compagnie. C'est le cas de RAM Handling dont le monopole vient de prendre fin. C'est le cas également de la filiale hôtelière de la RAM, la Sotram, qui est en plein négociation avec la CDG pour la reprise de certains de ses hôtels.A la fin de la séance, il est resté un goût d'inachevé. Il a donc été décidé de se rencontrer une nouvelle fois. La date sera fixée par la présidence de la Commission de l'Intérieur. En attendant, les députés auront le temps de potasser leurs dossiers et Berrada de préparer ses réponses.