Un sous-traitant exclusif de SFR va supprimer 200 emplois en France en délocalisant son activité au Maroc. Une énième opération qui renseigne sur le degré de l'engouement des opérateurs français pour le marché (d'emploi) national. Rien ne semble arrêter la vague des délocalisons des centres d'appels vers le Maroc. Timing, service de renseignement téléphonique de SFR basé à Montrouge (Hauts-de-Seine) en France, a annoncé en juin un plan social visant à supprimer 210 emplois sur 348, qui seront délocalisés vers le Maroc. La raison de cette opération est évidemment d'ordre financier. En effet, la société a décidé de délocaliser le travail de nuit et du dimanche au Maroc où les horaires ne sont pas majorés, comme l'expliquent les syndicats français. Il faut dire que cette énième délocalisation s'inscrit dans le sillage d'une longue série d'opérations similaires qui se poursuivent à un rythme soutenu. Des opérations qui renseignent surtout sur le degré de l'engouement des opérateurs français pour le marché (d'emploi) marocain. Une enquête menée en France fin 2003 a estimé à 10 % le nombre des patrons qui s'apprêtent à délocaliser leurs centres d'appels hors des frontières. Face à cette vague, les autorités françaises, qui ne semblent pas apprécier ce mouvement, s'affolent. Plusieurs ministres français tentent tant bien que mal d'enrayer la tentation de cette « politique off-shore » des centres d'appels et freiner les délocalisations vers des pays plus rentables et surtout moins regardants sur les droits sociaux. Le super-ministre français de l'Economie, Nicolas Sarkozy, s'est illustré, il y a quelques mois, par une surprenante sortie médiatique dans laquelle il s'en prend au mouvement de délocalisation, en suggérant que le consommateur puisse être informé de la localisation de son appel… Plus sérieusement, le responsable français a élaboré une stratégie de lutte contre les délocalisations qui repose sur un principe simple : les aides aux entreprises ne doivent être versées qu'au regard d'un engagement de non-délocalisation. Mais cette démarche ne semble pas atténuer la vague des délocalisations qui s'opère dans de nombreux secteurs. Elle se heurte aussi à une autre réalité économique : la difficulté pour la France de produire du tertiaire bon marché. Les centres d'appels se présentent aujourd'hui comme l'un des plus prometteurs en ce début du troisième millénaire. D'un côté, la France, compte 3 000 centres d'appels qui emploient près de 200.000 télé-conseillers. Avec les délocalisations, plus de 10.000 personnes travaillent aujourd'hui pour des entreprises françaises, essentiellement au Maroc et en Tunisie. Le Maroc avec 4 400 emplois, la Tunisie (1.500), le Sénégal ou l'Ile Maurice (entre 500 et 1.000 chacun). Les atouts des pays sont nombreux : francophones, taux d'alphabétisation correct, et surtout une main-d'œuvre encore abordable. Un bon rapport coût-qualité pour un secteur qui place la réduction des coûts comme le souci majeur des opérateurs, si l'on sait que la masse salariale absorbe à elle seule 70% des dépenses contre 15% pour le dispositif technique. Reste que pour le moment, deux appels seulement sur 10 passés au service clientèle d'une entreprise française sont traités hors de la France. Quoi que tout semble que cette tendance commencera à s'inverser d'une manière irréversible.