Carnet de route pour les élections. Le professeur Merzougui Benyounès a de multiples casquettes. Il est d'abord professeur universitaire, constitutionnaliste d'autorité, spécialiste des systèmes électoraux dans le monde, notamment au Maghreb et en frique. Il est également un très bon connaisseur du système politique marocain qu'il a abordé par ses divers aspects dans de nombreuses publications nationales et étrangères. Pour les lecteurs d'ALM, il fournit un guide didactique. Dans le passé, l'élection des membres de la Chambre des représentants se faisait à travers le mode de scrutin uninominal à un seul tour. Les circonscriptions électorales étaient relativement petites et la concurrence se faisait en vue de l'acquisition d'un seul siège qui revenait pratiquement à celui qui dispose du plus important nombre de voix. Ce mode est qualifié de scrutin uninominal parce que, d'une part, les candidats se présentaient à titre nominatif, et d'autre part, les électeurs choisissaient une seule personne (ou un seul nom) parmi les candidats. La taille des circonscriptions permettait la confection de relations directes entre l'électeur et le candidat. Les relations familiales, tribales et personnelles se mélangeaient avec les appartenances politiques. Ce système permettait aux riches et personnes influentes d'imposer leur hégémonie et assurer leur victoire, par tous les moyens. Pour changer ces comportements jugés préjudiciables à la démocratie, un mode de scrutin de liste a été adopté. Ainsi, les circonscriptions électorales ont été élargies pour inclure au moins deux sièges, et ce afin que les candidats puissent se présenter dans le cadre de listes contenant le même nombre de sièges faisant l'objet de concurrence. Au lieu que l'électeur choisisse un candidat parmi d'autres, il opte pour une liste. Dans ce cadre, il y a lieu de préciser qu'il y a deux sortes de listes : bloquées et ouvertes. Les listes bloquées, qui seront mises en application, ne laissent qu'un seul choix, aux électeurs, à savoir l'approbation ou le rejet de la liste. Le vote se transforme de ce fait en une sorte d'approbation (ou non) des options partisanes. En effet, lorsque l'électeur vote en faveur d'une liste, il le fait même si certains candidats y figurant ne lui plaisent pas. C'est ce qui incite certains observateurs à conclure que le vote de liste se fait sur la base de programme et non de personnes. En revanche, les listes ouvertes dotent l'électeur de larges compétences, notamment au vu des deux possibilités suivantes : ou bien il peut jouir de la liberté de changer, selon son bon vouloir, la classification des candidats, ou bien il présente une nouvelle liste parmi l'ensemble des candidats. Si le Maroc a opté pour la première possibilité, c'est parce que cette dernière est la plus adéquate à la réalité marocaine ; étant donné que les listes ouvertes exigent de la part des électeurs de savoir lire et écrire. Il reste encore à signaler que lors des prochaines échéances électorales législatives, les électeurs choisiront une liste locale, qui sera, en même temps, un vote en faveur de la liste nationale (30 sièges consacrés aux femmes), présentée par la même formation politique. • Benyounès Merzougui