Carnets de route pour les élections. Aujourd'hui, nous publions le troisième épisode de l'analyse du professeur Benyounes Merzougui sur le nouveau code électoral. La référence à l'histoire des élections communales, professionnelles et législatives au Maroc, permet de situer l'apparition des candidatures indépendantes au lendemain de l'indépendance. Cette particularité est d'abord apparue comme un phénomène exceptionnel, pour commencer petit à petit à s'élargir pour finir marquer la vie politique nationale. Si l'interprétation de l'article 3 de la Constitution a penché dans le sens de l'interdiction des candidatures indépendantes, du moins en ce qui concerne les élections législatives, l'adoption du mode de scrutin par liste est venue renforcer cette tendance et souligner cette nouvelle orientation. L'appartenance à la Chambre des représentants porte en elle une mission nationale axée sur deux principaux volets : l'élaboration des lois et le contrôle de l'action gouvernementale. Il est impossible dans ce cadre d'imaginer un parlementaire évoluant sans le moindre programme ou du moins un point de vue convaincu au sujet des affaires entrant dans le cadre de ses prérogatives. Comment un député «indépendant» ou «sans appartenance politique» pourrait-il agir à titre privé ? et sur la base de quelles convictions pourrait-il baser son vote ? Aujourd'hui, la question se pose avec une acuité nouvelle dans la mesure où cela soulève la contrainte de rassembler des candidats «indépendants» au sein de « listes indépendantes». Les candidats figurant sur la même liste doivent en effet avoir des principes et des convictions en commun, ce qui s'applique au candidat affilié à un parti politique et ne peut se concevoir pour des candidats « indépendants». Il est vrai que la démocratie se base fondamentalement sur le rejet de toute élimination. Ceci n'empêche pas cependant de veiller à limiter l'étendue de tels phénomènes, tant que cela ne porte pas atteinte à l'essence de la démocratie. Les partis politiques demeurent l'élément principal de tous les systèmes démocratiques, d'autant plus que la liberté de création des partis est garantie par la Constitution. Deux éléments qui plaident, en cette période de transition que traverse le Royaume, en faveur du renforcement de l'action des organisations politiques.